lundi 31 décembre 2007
Pierre a dit
samedi 17 novembre 2007
Pas de "grabuge", des barricades
"Rue Saint-Denis, nous buvons une ambrée post-ateliers avec des étudiants d’un cégep de Montréal-Nord. 21h30, D. entre dans le bar, nous informe que des barricades sont érigées à l’entrée du Cégep du Vieux. Deux alcoolos* ravies foncent vers la rue Ontario. Entre 200 et 300 personnes sur les lieux. Nous passons le long de la barricade : des conteneurs, chaises, tables, et le reste de mobilier qui a bien connu nos emmerdements multiples vers 15 ou 16 ans. L’ennui rendu joyeux est concentré sur des marches.
A l’intérieur, ça grouille d’étudiants masqués qui tentent de se renseigner sur la présence policière (« Ils sont au sixième »), le bureau de l’association étudiante est un joyeux bordel où l’on peint, s’informe sur le possible bed-in de la nuit. Ca parle hausse des frais de scolarité. Quelques étudiants nous parlent de 2005, de la plus grande grève qu’ait connu le Québec. L’atmosphère est grandiose. Nous ressortons, la jeune pousse s’est détachée de son tuteur, elle érige des barricades et envoie valser la gravure.**
Minuit.
Un graff « CVM Resistencia » sur le mur d’entrée du Cégep. Direction l’angle de la rue Sanguinet et la ruelle à l’arrière du Cégep : les undercovers font leur boulot, « regardent les étoiles » (sic), tentent même le traditionnel (grotesque) « vous avez de la weed ? ». Ben oui, puis de la poudre et de l’uranium enrichi que je me ferais un plaisir de te vendre histoire de me faire embarquer illico par tes amis en uniformes. Questions pressantes de quelques manifestants. Ils déguerpissent et réapparaissent un quart d’heure plus tard, plus bas, au coin des rues Ontario et Sanguinet. Ils jouent les putes au grand cœur auprès de jeunes de la rue qui visiblement ne captent pas trop ce qui se passe.
« Interdit de filmer »
Ils s’astiquent méthodiquement devant le « Banquier » en pensant à la multiplication à l’infini des caméras de surveillance en centre-ville et ailleurs, mais font preuve d’une grande pudeur dès l’instant où l’on parvient à saisir sur pellicule leur image de clones abrutis. Le rapport qu’entretiennent les flics avec les enregistrements sonores ou audio rappelle les conceptions de l’abolition des frontières : seul le capital est autorisé à circuler librement, le reste, on s’en fout, ça finit menotté à 3 heures du mat’. Au centre de détention des immigrants à Laval ou dans un poste de police du 21. Ici c'est pareil: seuls les flics auraient le droit de jouer les néo-Niepce (with matraques). Copwatchons, my dear.
La police encercle les environs du Cégep. A l’angle de la ruelle à l’arrière du Cégep/ rue Hôtel de Ville ; coin sud Ontario/ Hôtel de Ville ; coin sud Ontario/ Sanguinet. Deux groupes de manifestants : ceux restés derrière la barricade, les autres sur la rue Ontario, à l’angle de Sanguinet.
Une heure du matin environ
L’escouade anti-émeutes arrive à l’ouest d’Ontario, se poste devant le Cégep. Une autre cohorte de sous Schwarzy descend la rue Sanguinet. Un quart d’heure, ou peut-être une demi-heure de sur place des deux côtés. Entre temps, les caméras de Radio-Canada, TVA et TQS sont arrivées. Puis, on imagine que le commandant in chief lance l’ordre de dégager les petits sauvageons. L’arbitraire suinte dans les uniformes du SPVM. Les anti émeutes chargent, les bottes claquent, un peu plus de 100 manifestants qui étaient derrière les barricades se font encercler (angle nord d’Ontario/Sanguinet). Le reste se retrouve au sud et à l’est de l’angle Ontario/Sanguinet. Les cops balancent du poivre de Cayenne, gazent et matraquent en toute quiétude.
Environ 2 heures du mat’, quatre flics encerclent un manifestant, menotté. Ils remontent la rue Ontario vers l’entrée du Cégep. Ils entrent dans le Cégep, en ressortent une demi heure plus tard, le manifestant est toujours menotté, ils s’en vont vers la rue Hôtel de Ville, le type a juste le temps de lancer deux trois mots aux caméras, en gros « voilà ce qu’on a quand on balance des bonbons ».
Sourire béat, les serviteurs volontaires de la police de Montréal se rassemblent, ils ont maté du « jeune », du « rebelle ». Etre là et voir leur bêtise, leur marche au pas, leur sourire d’embrigadés. Trois heures moins le quart, ils commencent à libérer les 100 manifestants encerclés depuis deux bonnes heures. Quatre par quatre. On t’escorte le jeune, pour ta sécurité, tu vois.
A côté, un groupe d’étudiants anglo proprets se marre : planqués derrière la baie vitrée du bar Ontario/Sanguinet, ils encouragent, bière à la main, les flics à mater du manifestant. L’envie est immense de démonter le bar et d’enfoncer les pompes à bière dans leurs jeunes cerveaux de vieux réacs.
Il est trois heures et demi du matin. La place est vidée. Au petit matin, il ne reste des barricades que le parfum poivré des uniformes. Les ordures sont passées."
*Histoire de donner dans le ton "à destination des lecteurs adéquistes" du "Journal de Montréal".
**Représentation lithographique inaugurale dans « Surveiller et punir » de Foucault. Dans la version que je connais en tout cas.
...un récit sec avant la démolition de la "couverture médiatique" des barricades, ou plutôt du "party" (dixit Le Journal de Montréal du 15/11) organisé au Vieux.
vendredi 9 novembre 2007
Emission du 7 novembre
Oui, c’est vrai nous maudissons souvent à peu près tout le monde. Sauf qu’ il arrive parfois que les laquais soient particulièrement ravis quand la voix de Barbara Legault se mêle à celle de Keny Arkana. Par exemple.
L’an dernier, Barbara Legault signait dans la revue A Bâbord ! un article qui visait à déconstruire le discours -d’un avant-gardisme sans égal- des groupes masculinistes. Sauf que quelque temps après, Andy S. aka le funambule du Pont Jacques-Cartier et accessoirement membre du groupe Fathers4Justice assignait en justice l’auteure de l’article et la revue dans laquelle il avait été publié. Nous avions alors reçu Barbara qui nous avait parlé de l’éventuel procès qu’elle risquait d’encourir. Aujourd’hui, Barbara et la revue A Bâbord ! sont en procès avec « Andy ». Au-delà de la volonté des réacs mascus de court-circuiter les activités des féministes, nous avons abordé avec Barbara la question de l’état actuel des luttes féministes. Le féminisme radical en tant que lutte visant, non pas l’aménagement -via des législations- du système patriarcal, mais sa destruction, fournit une grille d’analyse politique matérialiste (fabuleuse/inspirée) des mécanismes d’oppression qui ont permis au système patriarcal de maintenir les femmes dans un rapport de subordination totale. En gros, nous avons parlé d’exploitation du travail des femmes, que celui-ci soit rémunéré (travail salarié) ou pas (travail domestique).
En 68, des connards organisaient une contre manif à Paris enjoignant les autorités de rétablir « l’ordre », avec les mascus en 2007 c’est pareil : ce qu’ils voudraient rétablir, en « se faisant justice » c’est la société d’avant les luttes féministes. Grosso modo, une société dans laquelle les femmes étaient considérées au mieux comme des sous-merdes. Des reproductrices silencieuses, des utérus qui faisaient à bouffer sans broncher. Le procès en diffamation que vit aujourd’hui Barbara Legault, c’est un peu la réédition perpétuelle de l’histoire des mouvements révolutionnaires et contre-révolutionnaires. Quand ils sentent que l’arbitraire se dérobe, ils tentent de museler. Par tous les moyens, les « contras » mascus tentent d’abolir les espaces de parole et d’action dégagés dans la lutte par les féministes. Ils convoquent l’Etat pour perpétuer un système qui leur a assuré une position tout à fait délicieuse puisque parfaitement dominante. Ils s’en réfèrent à l’incarnation du patriarcat pour mieux écraser celles qui renversent une posture de sujétion traditionnelle. But « if you can bake a cake, you can make a bomb », my dear friends.
Retour avec Guillaume de No borders sur l’action organisée conjointement avec No one is illegal, Solidarity across borders, Bloquez l’empire et la Otra Montréal –entre autres- samedi 10 novembre au Centre de détention de Laval ou officiellement « centre de prévention de l’immigration ». Dans son édition 2007 revue et corrigée, le dictionnaire Harper© signalait qu’on pouvait entendre par « prévention de l’immigration » un « accompagnement en cellule personnalisé ante déportation ». En fait, le « centre de prévention » de Laval, c’est un peu comme une salle d’attente d’aéroport géante où les passagers auraient le privilège de voyager comme leur chien. Si la définition du dictionnaire vous semble incorrecte, vous pouvez vous joindre au campement organisé samedi.
Rassemblement au Square Cabot
11 heures: soupe populaire
13 heures: départ en autobus vers le centre de détention
Pour réserver une place dans l'autobus, écrivez à:
nobordersmontreal@no-log.org
514 848 7583
« Téméraire ou casse-gueule » la "grève (non) générale illimitée" dans laquelle s’est lancée l’AFESH-UQAM, pour citer le laquais S. ? Ni l’une ni l’autre selon notre invitée. Plutôt audacieuse selon elle. D’autant plus « audacieuse » qu’aucun mouvement de grande envergure ne semble prendre. (Don't) wait and see.
De l’utilité de la mort aux rats dans le petit noir du matin : revue de presse with « La Presse »
Quand ils boivent leur dose de caféine quotidienne gratos au café du coin, les cops actualisent certainement leur rôle de justiciers de l’humanité. Les tenanciers avertissent que s’ils s’amusent à faire payer le moka aux forces de l’ordre, lesdites enflures dégagent aussitôt. Faites, faites. De grâce « garçon », activez vos glandes salivaires, un café aux frais de la maison ne saurait être dépourvu d’une tendre marque d’affection, une touche éminemment personnelle, quelque chose qui distingue votre établissement. Propriétaires de tous les Starbucks, forget l’équitable, ce n’est pas en caféine respectueuse des travailleurs que vos grains devraient être enrichis mais en plutonium. Enjoy your cappuccino !
Toujours à propos des joies de l’alimentaire, un article s’intéressait aux « frais de bouche » et autres détournements de fonds publics de la mairie du très prolo quartier Outremont. Il semblerait que nos amis les riches aient une conception de la « redistribution » des plus intéressantes : ils redistribuent, certes, mais entre eux. Le mouvement « Du caviar pour les connards » prend de l’ampleur.
A celle qui diffame :
Keny Arkana, « La rage » (F)
Les Rita Mitsouko, “Andy” (F)
Les Sales Majestés, “Les patrons” (F)
Arseniq 33, « Au secours la police » (Qc)
Kiss me deadly, « Dance 4 » (Cdn)
Juste signaler que les ateliers organisés par le RAPSIM (Réseau d’Aide aux Personnes Seules et Itinérantes de Montréal) et le Groupe de recherche "Médiation sociale en contexte de squattage" de l’UQAM mercredi 7 novembre sur les pratiques de squattage -donc- étaient tout simplement fabuleux. De la résistance à Molluskland.
lundi 5 novembre 2007
Emission du 31 octobre
Ah, horreur, des hordes de nains en shorts orange squattent les rues pour réclamer leur dose de glucose annuelle. Au-delà de cette parade des lardons transformés en sorcièr-e-s juvéniles, le laquais A., séparée du laquais S. (aliénée quelque part ailleurs à Montréal), vous a emmerdé une fois de plus avec ce qui s’apparente à une « chasse aux sorcières » version 2007, à savoir une éradication des immigrants et des militants anti-guerre. Nous avons donc reçu Kader Belaouni, Frisou de la Otra Campana - Montréal et Francis Dupuis-Déri.
Début janvier 2006, Kader Belaouni, un immigrant algérien d’Oran, prenait refuge dans le sanctuaire de l’église St Gabriel de Pointe Saint-Charles pour éviter une déportation vers son pays d’origine. Depuis, un collectif a été fondé afin de l’appuyer dans ses démarches pour obtenir la régularisation de son statut. Sauf que, malgré la mobilisation qui s’est créée autour de Kader, incluant divers groupes communautaires du quartier et d’ailleurs, la ministre fédérale de l’immigration semble être frappée par un phénomène de déni total. Donc, au lieu d’envoyer des mini cartes ridicules de « bonne année » (… « mon cul », comme dirait Desproges) modèle « Hiver sous la neige acrylique en terre adéquiste », pensez plutôt à adresser vos vœux pleins de bienveillance à l’égard de la ministre fédérale de l’immigration, Diane Finley. On nous rapporte d’ailleurs que ce nouveau contact que vous vous ferez un plaisir d’inscrire dans votre carnet d’adresses souffrirait d’une surdité profonde. Enfin, la surdité gouvernementale, c’est comme la mémoire, sélective, très sélective. Voici donc les « coordonnées » de Diane :
Ottawa, Ontario
K1A 0A6
Téléphone : (613) 996-4974
Fax: (613) 996-9749
Courriel : minister@cic.gc.ca
Car, à en croire les pratiques du gouvernement canadien en matière d’immigration, un « bon » immigrant, c’est un diplômé plein aux as, pas trop basané de préférence. Et pour peu que le requérant provienne d’un pays inscrit sur la fameuse « black list » émise par les Etats-Unis après les attentats du 11 septembre 2001, il est assez bien placé pour retourner directement s’amuser dans l’ « axe du Mal ». C’est vrai, la sélection d’un individu au profit d’un autre selon des critères d’origine, c’est « bien ».
Collectif "Soutien pour Kader": www.soutienpourkader.netToujours à Montréal en octobre, on peut voir fleurir un peu partout des affiches ayant pour slogan : « Le Mexique : au-delà de votre imagination ». C’est juste, car, s’il y a bien une chose qui va au-delà, bien au-delà, de notre imagination au Mexique, c’est la répression qu’exerce de façon systématique l’Etat sur les mouvements sociaux. On se souvient notamment de la mobilisation à Atenco contre l’installation d’un aéroport, et plus récemment la protestation des vendeurs de fleurs contre l’installation d’un Wal-Mart. Et puis il y a eu Oaxaca, avec le mouvement des enseignants, réprimé sur ordre du gouverneur de la province, le priiste Ulises Ruiz. En appui à ces mouvements populaires, le collectif la Otra Campana-Montréal organise une soirée de financement vendredi 2 novembre au Rhizome, situé au 1800, Létourneux, dans le quartier Hochelaga (métro Pie IX). Au programme, la diffusion d’un documentaire et des groupes punks (quelle décadence au Rhizome…) et hip hop notamment.
Ah, horreur, des hordes de zombies en shorts kaki squattent les rues de Kandahar pour réclamer leur dose d’hémoglobine annuelle. Mais si le zombie en short kaki est un bon père de famille, aimant les sports de plein air et le scrabble, alors la tuerie n’en est que plus douce. « Là où ils font un désert, ils appellent cela la paix ».*
Nous avons donc reçu Francis Dupuis-Déri, professeur de sciences politiques à l’Université du Québec à Montréal, au sujet de la parution de son dernier ouvrage intitulé « L’éthique du vampire- de la guerre d’Afghanistan et quelques horreurs du temps présent ». Nous avons abordé avec lui la question du discours de légitimation de l’invasion militaire canadienne en Afghanistan. Présentée comme une mission humanitaire option « construction d’écoles et émancipation de ces petits êtres fragiles aka les femmes afghanes », la « présence » canadienne participe de la formule orwellienne « la guerre, c’est la paix ». En d’autres termes, Harper et ses courtisans d’Ottawa et d’ailleurs (incluant députés et rédac chefs de la plupart des médias privés et publiques) s’évertuent à construire l’image du militaire en tant que héros des temps modernes, dont l’humanisme supposé, embarqué dans un char d’assaut, démentirait toute suspicion de néo-colonialisme 2007. « Nos » soldats sont de braves gens, en fait. La déconstruction du discours canadien de légitimation de la guerre d’Afghanistan repose –entre autres- sur une relecture du « Fardeau de l’homme blanc » de Kipling, discours qui a permis aux puissances coloniales d’asseoir leurs politiques impérialistes sur des motifs supposément « humanistes » (« tiens, tu la vois bien ma civilisation, fucking autochtone ? »). Et comme la tentation était grande, nous avons également parlé des non mobilisations étudiantes (ou mobilisations « faibles », pour faire taire mes penchants misanthropes). Enfin, là où ils font un désert, certains, dont Francis Dupuis-Déri, appellent cela la guerre.
Claquements de doigt du macchabée :
Deweare, « Tiger woman » (Cdn)
Brixton Cats, « Enfants du système » (F)
Didier Super, « On va tous crever » (F)
Légitime Défonce, « Esclave moderne » (F)
Boris Vian, « Le déserteur » (F)
Paris Violence, « Made in Paris » (F)
Didier Super, « Y en a marre des pauvres » (F)
Les Rita Mitsouko, « Y a d’la haine » (F)
*Tacite
mercredi 24 octobre 2007
Emission du 24 octobre
Bien que les laquais aient souvent considéré qu’ils n’étaient écoutés par à peu près personne, exception faite de mamie S., ils se sont rendus compte que, parmi les rares auditeurs ou dans une moindre mesure visiteurs de leur erreur Myspace, se trouvaient, non pas des anars montréalais mais des flics parisiens ( !) Aussi incroyable que cela puisse paraître, nous avons reçu un « friend request » d’un « band » de flics français. Gott. Assez peu intéressées par les symphonies en tasers majeurs, Sophie et Aurore rient un bon coup et répondent grâce à :
Une entrevue avec François du Collectif opposé à la brutalité policière au sujet de la mort de Quilem Registre dans le quartier St Michel par les soins du SPVM munis alors de fusils tasers, ou plutôt de « dispositifs à impulsion » dixit la police. En vingt ans, les services de police de la ville de Montréal (SPVM) auraient 42 décès à leur actif. Les enquêtes publiques étant extrêmement rares dans ce genre de cas, les corps de police incriminés sont jugés par d’autres corps de police : « Entre nous, on est au chaud. » (« so-so-so…solidarité dans la fraternité ! »). Ce qui est assez fabuleux dans ce genre d’histoires, c’est de lire les avis des « experts » sur la dangerosité de cette « arme non létale » (cf. l’article sur cyberpresse): on ne risque rien, mais il est préférable néanmoins de se rendre à l’hôpital après avoir reçu la décharge électrique. L’arme est « non létale », selon les termes consacrés, mais bizarrement, quelques individus parmi ceux qui ont eu la chance de se faire appréhender avec de tels accessoires policiers, tombent dans le coma et « s’en vont faire un tour chez les anges » peu de temps après. A écouter les services de police et les « experts », les victimes des tasers ne seraient en fait que des Tartuffe trop sensibles aux fusils à bouchon.
Au sujet de l’utilisation des fusils tasers et des morts qui leur seraient imputables, nous avons reçu Anne Ste-Marie d’Amnistie Internationale. L’ONG a réclamé la semaine dernière un moratoire sur les tasers, suite aux « dégâts collatéraux » entraînés par leur utilisation. Une étude a été réalisée par Amnistie, elle est disponible ici.
Entrevue avec Guillaume, de l’Association pour une solidarité syndicale étudiante (ASSE) au sujet de la (non) grève étudiante illimitée de l’automne 2007 contre le dégel des frais de scolarité. Après le refus des Cégeps du Vieux-Montréal et de Maisonneuve d’entrer en grève, la mobilisation étudiante semble « un peu » compromise. Les « jeunes » sont vieux. Encore plus absurde que le « travailler plus pour gagner plus » de l’ordure Sarkozy, le « payer plus pour étudier autant » de l’ordure bis Charest ne semble pas trop émouvoir la population étudiante. L’ASSE poursuit néanmoins ses activités de réseautage histoire d’atteindre son plancher de 25 000 étudiants afin de mener une action qui dépasse le cadre de l’Uqam. Wake up pseudo-jeunesse !
Jacques, du Parti communiste révolutionnaire, nous a livré une analyse de la faiblesse des mobilisations étudiantes en termes de logiques de classes et de discours dominant qui semble avoir bien labouré l’esprit des étudiants. Bien peu disposés à dire quoi que ce soit sur l’augmentation des frais de scolarité, les étudiants entrevoient encore l’université comme un outil de mobilité sociale, et non comme un mécanisme de reproduction de l’ordre social existant. Les multiples obstacles réels et symboliques qui entravent l’accession des classes populaires aux études « supérieures » ne sont visiblement pas perçus comme tels. Qu’il s’agisse de l’endettement étudiant ou de la possession d’un capital social et culturel donné (la bibliothèque de papa, les contacts de maman), tout ce qui peut maintenir un certain statu quo est plutôt connoté positivement.
« J’en chie donc je suis ».
Rediffusion du reportage réalisé lors de l’action du FRAPRU au consulat de France.
Gling, gling :
Banlieue Rouge, « Sous un ciel écarlate » (Qc)
Cut Killer, « Assassin de la police » (F)*
Pigalle, « La prison » (F)
Les Sans Culottes, « Ecole de merde » (US)
We are wolves, « We are all winners » (Qc)
Sergio Ortega, “El pueblo...” (Chili)
Les Rita Mitsouko, “C’est comme ça” (F)
*Avis au danseur de trash Sirtaki : "errare etc…"
Emission du 17 octobre
Transformé en femme orchestre d’un jour, because le laquais S. se faisait exploiter ailleurs, le laquais A. vous a ankylosé les neurones avec des questions d’art (sans « a » accent circonflexe) militant, la capacité du nain Nagy de Bocsa de s’attirer à distance les foudres de groupes militants montréalais et de droits face à la police.
On a donc parlé, avec Emily et Catherine, de la troisième édition d’Artivistic, cette rencontre internationale d’art militant qui se tiendra en différents lieux de la ville. Du 25 au 27 octobre, des ateliers, tables rondes et expositions permettront d’envisager les pratiques de mobilisations autochtones et d’occupation de l’espace urbain sous un angle critique et activiste. Dissociés à tort, l’art et le militantisme s’expriment à plein dans le cadre de cette troisième édition d’Artivistic : pratiques de squat, rapport au « naturel », création et mobilisations politiques autochtones : il n’y a pas que des festivals à la con à Montréal, et c’est tant mieux.
Reportage réalisé à la place Ville-Marie, lors de l’action entreprise par le FRAPRU en soutien au Droit au logement (de France) : si les glandeurs poudrés du consulat de France à Montréal avaient transmis le petit colis préparé par les soins du FRAPRU, cette enflure de Nicolas S. aurait eu le plaisir de recevoir dans son palais des couvertures from Montréal qu’il aurait pu distribuer à tous ceux qui viennent polluer l’existence voluptueuse de nos amis « les nantis ». Un pauvre, les pauvres, c’est inesthétique et ça « gâche le bonheur des riches ».* Réunis à la place Ville-Marie, édifice de bureaux qui concentre les représentations consulaires de plusieurs pays (du gris, de l’aseptisé, des uniformes), les militants du FRAPRU se sont vu refuser l’accès au bâtiment par une vingtaine de policiers (with chiens renifleurs) et vigiles du lieu : seuls deux militants (dont le coordonnateur) du FRAPRU ont pu accéder au consulat, après qu’une des couvertures a été passée au détecteur de métaux et sniffée par un des chiens flics**. Suggestion pour les étrennes : plaid Molotov pour Nicolas.
Extrait de l’atelier présenté par le Collectif opposé à la brutalité policière et le Mouvement action justice, sur les droits dont on dispose face à la police : conditions d’arrestations, légalité ou illégalité de certaines pratiques policières, recours possibles dans le cas de brutalité policière.
Brigitte Fontaine, « Les filles d’aujourd’hui » (F)
Peter, Bjorn and John, "The Chills" (Suède)
Jeunesse Apatride, « Prolétaire » (Qc)
Paris Violence, « Docs et bretelles » (F)
Dominique A, « Dans un camion » (F)
Brixton Cats, « Palestine », (F)
Les Sales Majestés, « Les patrons » (F)
Portishead, « Roads » (US)
* Didier Super
**Pléonasme ou anthropomorphisme ?
lundi 15 octobre 2007
"Aux armes, etc..."
Conchier Sarko (même) à distance, voici un concept qui me plaît immensément. Grandiose, et je vais aller prendre du son sur place demain.
"Appui à des familles sans-logis en lutte à Paris: le FRAPRU apporte des couvertures au Consulat français à Montréal
C'est pour appuyer la centaine de familles sans-logis qui, malgré la répression policière, couche nuit après nuit sur le trottoir en face de la Bourse de Paris, qu'une délégation du FRAPRU se rendra demain au Consulat français, à Montréal. Le FRAPRU y apportera des couvertures à remettre aux familles, de même qu'une lettre de protestation adressée au président français Nicolas Sarkozy. Le geste du FRAPRU se déroulera au moment même d'une importante manifestation de soutien dans les rues de Paris.
Avant leur action, les familles campeuses étaient soit hébergées dans des hôtels, des foyers ou chez des tiers, soit menacées d'expulsion rapide. Elles réclament leur relogement immédiat, l'ouverture de plusieurs logements avant l'hiver, de même que la réalisation massive de logements sociaux. Depuis qu'elles ont entamé leur action, le 3 octobre, les familles ont été l'objet de plusieurs expulsions de la part des forces policières qui ont confisqué leurs tentes et leurs sacs de couchage, les forçant à coucher à la belle étoile. Les forces policières ont aussi procédé à plusieurs arrestations, dont celle du président et co-fondateur de l'association française Droit au logement, Jean-Baptiste Eyraud. Pour plus d'informations sur cette lutte, consulter le site de Droit au logement :
http://www.globenet.org/dal/.
Date : le mardi 16 octobre
Heure : 11h00
Lieu : Consulat général de France, 1, Place Ville-Marie, bureau 2601 rendez-vous devant la porte d'entrée de la rue Université), à Montréal
Pour plus d'informations : François Saillant (514) 522-1010; (514)
919-2843 du Front d'action populaire en réaménagement urbain."
jeudi 11 octobre 2007
La subversion emmerde les casseroles: Christine Delphy à Montréal
Ce soir, le laquais A. délaisse son cynisme ordinaire pour devenir (un soir seulement) Aurore, en état de grâce. Attention les gueux, ce soir je suis lyrique.
La féministe Christine Delphy est de passage à Montréal et a donné une conférence à la Grande Bibliothèque, conférence brillante, joyeuse, cynique parfois, totalement inspirante, intitulée « le mythe de l’égalité déjà-là : un poison ». La salle était pleine à craquer : une majorité de nanas (j’en reconnais certaines que je fréquentais l’an dernier quand j’étais impliquée dans des groupes militants), deux trois gars paumés.
Je m’avance près de la scène, Christine Delphy commence sa conférence, je dépose discrètement mon enregistreuse sur son pupitre. Je remonte les escaliers quatre par quatre, j’écoute. J’écoute celle qui s’est impliquée dans le MLF, j’écoute celle qui parle de domination hommes/femmes, de reproduction d’une société inégalitaire, du matraquage médiatique fait à l’encontre des féministes d’hier et d’aujourd’hui. Elle cite mi cynique, mi amusée tout le flot de paroles à la con que les féministes ont pu entendre depuis les années 70 : Elizabeth Badinter, ex féministe, qui dit en gros que « le féminisme a été utile en son temps, il ne l’est plus maintenant »… Elle cite un article de Françoise Giroud paru dans Le Monde en 76 « les voiles flasques du féminisme ». Elle explique qu’on est passé du déni à la dénégation. Je jubile sur mon fauteuil, d’une parce que cette femme est brillante et de deux parce que je pense au moment où je vais pouvoir diffuser à l’antenne l’intégralité de sa conférence. Elle poursuit sur l’exploitation domestique et sur les « stratégies d’occultation de la violence ». Elle cite même Florence Foresti entre deux démonstrations. Cette femme est géniale.
Comme à 15 ans, où tu conchies l’humanité tout entière et que tu trouves Nietzsche, Desproges, Cioran, et que tu jubiles en lisant enfin quelque chose qui te ressemble. Christine Delphy, c’est ce que je souhaiterais entendre dans la bouche de toutes les femmes.
Je pense à tous ces billets que j’ai laissés sur différents blogues, où immanquablement on attribuait mes propos cyniques et provocateurs à…un homme. Il y a deux jours encore, j’écrivais sur un blogue montréalais que les femmes célibataires n’avaient pas à jouer le rôle de « gouvernante/domestique » moderne auprès de leurs amis en couples avec gamins. Un type qui souhaitait probablement sauter plus vite l’auteure du blog m’a traitée de misogyne !!! Moi ! Celle qui pleure presque de joie en écoutant une des théoriciennes du féminisme contemporain !!!
Je pense à Woody Allen et à Annie Hall, et cette scène grandiose où il s’avance vers un couple dans la rue et leur demande mi désespéré, mi candide « comment ils font pour être ensemble ». Et là, génial, les deux passants répondent en substance qu’ils ne réfléchissent pas trop et que c’est très bien ainsi.
Je pense à Agnès Jaoui que j’adore, je la revois dans « Un air de famille », ce monument, accoudée au comptoir de son frère « Riri » : elle boit « comme un homme », elle parle « comme un homme », ses T-Shirts « dépassent de son pantalon » : « j’m’en fous si ça fait pas joli ». Le genre de films dont on rêverait d’avoir écrit les dialogues.
Je revois cette scène d’une ironie totale : moi debout dans le métro écrivant ces lignes à côté d’une nana qui porte un sac « Esthiderma- Paris ». Je lève les yeux au ciel me disant que la vie est décidément une farce.
Je pense à Sophie, avec laquelle j’ai écrit des textes que nous avons distribués l’an dernier dans des conditions rocambolesques, textes qui disaient que les femmes étaient simplement devenues des consommatrices comme les autres. Mais qu’au-delà de ce statut de participante active au système capitaliste, les représentations et les rôles sociaux des femmes n’avaient pas changé.
Je pense à Aurélie de Bordeaux, avec qui je discute jusqu’à pas d’heure au téléphone, passant de discussions hyper sérieuses sur les rapports de subordination entre hommes et femmes à des fous rires intenses en pensant, en bonnes anthropologues que nous sommes, aux couples que nous connaissons. Tous ces couples qui transpirent les rapports de domination, ces types universitaires pseudo-progressistes, voire pseudo anar, que nous avons vu traiter leur compagnes comme des sous-merdes : la fille ne dit rien, le type pavane, il a le monopole du discours. Elle a le monopole de la spectatrice « douce » et « attentive ». Elle a juste le droit de lui servir sa bière à son retour du travail, ou de demander « si on peut ouvrir les livres dans les librairies ».
Je pense à ma mère qui portait en son temps des T-Shirts orange où figurait une casserole noire barrée. Je sais de qui je tiens…
« Mais elle nous les brise avec ces « je pense » ». C’est vrai, et ce soir mes ami-E-s, je suis ravie.
Emission du 10 octobre
Tout droit sorti de « Poing levé », la nouvelle émission de musique militante de Radio Grabataires, le laquais A. fut rejoint par le laquais S. dans le studio dans lequel on pouvait voir il y a encore quelques jours une affiche d’un simili chanteur de Porto. Après une expédition punitive conjointe destinée à faire de ce Richard Clayderman lusophone une star trash/sale (on dessine quoi), nous sommes allées du côté des expéditions punitives non symboliques : la ville de Montréal, via ses ra*s dératiseurs, nettoie l’arrondissement Ville-Marie à coup d’arrestations massives d’itinérants.
Sophie a donc réalisé une entrevue avec un membre du Collectif Opposé à la Brutalité Policière, suite aux arrestations menées par le SPVM aux alentours du square Berri lors de l’ « Action de Grâces », soit le lundi 8. On nous apprend donc que selon le lexique (ou le peu qu’il en reste) des policiers de la section 21, la magnanimité correspond entre 17h et 2h du mat’ au coffrage d’une cinquantaine d’itinérants dans des cages disposées dans des vans couleur bleu azur (l’arbitraire esthétique). Les travailleurs de rue étant en congé ce jour-là, le SPVM en a donc profité pour arrêter en toute illégalité des itinérants, des personnes marginalisées : en effet, le motif des arrestations n’a pas été révélée aux personnes qui ont eu la joie intense de passer des heures dans des boîtes en ferraille. « La lutte aux incivilités » a d’ailleurs été filmée lors d’un « copwatch » réalisé dans le quartier (on vous donnera les liens vers ces vidéos dès qu’elles seront mises en ligne). Et bien que l’on puisse légitimement douter du système de « justice », il n’empêche qu’il est possible de déposer une « plainte en déontologie policière © » afin de ne pas passer totalement sous silence les agissements plus que limite des conducteurs zélés des vans numéro 21. « Flâner » en centre-ville, oui, mais avec port obligatoire d’un collier de perles ou d’un costard trois-pièces.
S’agissant de criminalisation de la pauvreté, nous avons rediffusé une entrevue réalisée la veille par Julien du Magazine Centre-Ville du mardi avec Bernard, un membre du Réseau d’Aide pour les Personnes Seules et Itinérantes de Montréal (RAPSIM). Il était question de la Commission des droits de la personne qui commence elle aussi à s’interroger sur la légalité et la légitimité de certaines pratiques policières.
Entrevue avec François Saillant, coordonnateur du Front d’action populaire en réaménagement urbain (FRAPRU) au sujet des choix budgétaires du gouvernement fédéral en matière de (non) logements sociaux. Au lieu d’investir dans la construction de logements à coûts modérés, Harper et sa bande ont choisi d’augmenter les dépenses militaires. 2007 au Canada : le néo-colonialisme est un humanisme.
Commentaire d’Alex par rapport au réseau d’ « amis » de Brian Mulroney (oui, le laquais sous-traite).Visiblement, certaines connaissances du chantre de l’ALENA seraient mouillées dans des scandales financiers : something is rotten in the kingdom of Airbus, my dear Brian.
Ces sales morveux de Louis-Ferdinand, Marcel et François-René ne méritent que cela :
La Bolchevita, « Cinq heures » (F)*
NTM, « Assassin de la police » (F)
Les Colocs, « Dédé » (Qc)
Vilain Pingouin, « P’tite vie, p’tite misère » (Qc)
Jacques Brel, « Les bourgeois » (F)
Edith Piaf, « Ah, ça ira, ça ira… » (F)
* Bien qu’il ait souvent raillé une grande partie de l’humanité, incluant dans le désordre les nains, unijambistes et autres estropiés qui prouvent que Dieu est quelque part ailleurs, il n’en demeure pas moins que le doyen des laquais se réjouit tout particulièrement de l’existence de l’association des handicapés patronymiques latinistes d’Ile-de-France et des mots de son président.
jeudi 4 octobre 2007
Emission du 3 octobre
Le philosophe Leibniz se demandait « pourquoi y a-t-il quelque chose plutôt que rien ? » L’interrogation authentique dans les radios communautaires serait plutôt « pourquoi y a-t-il rien plutôt que quelque chose » en ondes pendant les cinq premières minutes d’une émission ? Nos micros ayant connu une phase hautement suicidaire, il n’y avait rien. Puis, après quelques essais dans le vide, nous avons pu entendre :
Vicki, pour nous parler de la Otra Campana à Montréal, un collectif s’inspirant des principes de la Sixième déclaration de la Forêt Lacandone de l’EZLN (Armée zapatiste de libération nationale). Nous avons parlé de militarisation des territoires autochtones au Mexique et de criminalisation des mouvements sociaux : d’Atenco à Oaxaca, la violence d’Etat s’exerce à plein. Au printemps 2006, la section 22 du syndicat des professeurs de Oaxaca était entrée en grève afin de protester contre des conditions de travail jugées déplorables et le désengagement du gouverneur de la province, le priiste (parti révolutionnaire institutionnel) Ulises Ruiz dans les politiques sociales. Rejoints dans leur lutte par des organisations autochtones (dont le CIPO-RFM, coordination du Conseil indigène populaire de Oaxaca-Ricardo Flores Magon), les professeurs avaient occupé la ville de Oaxaca, rebaptisée alors la « commune de Oaxaca » suite aux barricades et blocages réalisés par l’APPO (Assemblée populaire des peuples de Oaxaca). Sauf que la réaction du gouverneur de la province ne s’est pas faite attendre : 20 000 flics (dont les forces spéciales et la police fédérale préventive) ont débarqué.
En soutien aux mouvements sociaux mexicains, la Otra Montréal organise un événement bénéfice samedi 6 octobre, de 14h à 21h au 4650, Ontario est.
« Accommodements raisonnables » ou comment les cathos résistent aux tentatives gouvernementales de sécularisation en matière de programmes scolaires : la commission Bouchard-Taylor reçoit des mémoires présentés par des « citoyens » de tout bord, dont notamment des catholiques pour lesquels le concept de « laïcité » n’est qu’une dépravation de plus du côté d’anti cléricaux dégénérés. Oui, conservons ces bons vieux cours de morale chrétienne histoire de mieux fermer les yeux quand dans le même temps l’autre squatteur du Vatican sermonne l’humanité avec ces discours anti avortements et préservatifs. Les conneries made in suppôts du clergé sont de retour ! Séropositifs en puissance de tous les pays, priez le petit Jésus dans les dispensaires gérés par l’église catholique. On annonce la sortie du « package » ecclésiastique version 2007 : une MST contractée, une bible offerte. Out les trithérapies, welcome la sainte trinité ! (On ne dira plus : « je me suis converti au catholicisme » mais « j’ai contracté le catholicisme »)*
Hormis le safe sex dans la chapelle Sixtine :
Depuis qu’une petite partie de l’humanité a choisi de s’affranchir des contraintes incluant la religion et le capitalisme, on voit émerger des projets autogestionnaires qui non seulement permettent de se sentir moins seul dans cette aspiration à la non médiocrité et surtout de comprendre que le traditionnel « c’est comme ça » apposé au phénomène d’embourgeoisement de quartiers populaires peut être renversé. Nous avons donc reçu Magalie et Pascal, tous deux impliqués dans le projet de Centre social autogéré à Pointe Saint-Charles.
Fondé sur une volonté de réappropriation des friches urbaines (les terrains du CN) par les habitants eux-mêmes, le projet, à l’initiative de La Pointe Libertaire, s’inscrit dans une logique de démocratie directe et d’abolition des hiérarchies interindividuelles. « La Pointe » organise depuis quelques mois des rencontres autour des thématiques autogestionnaires : la dernière en date abordait la question des squats au Canada.
Entrevue avec Alex, de l’ AFESH (association facultaire des étudiants en sciences humaines de l’Uqam) au sujet de la possible grève étudiante illimitée contre le dégel des frais de scolarité. Malgré le refus de certaines associations étudiantes de voter en faveur de la grève (dont notamment celle du Cégep du Vieux-Montréal), l’asso des étudiants en sciences humaines tente de mobiliser autour d’elle afin de réaliser une action de grande envergure.
Retour sur la manifestation « prise 2 » du Parti communiste révolutionnaire, samedi 29 septembre à St-Jérôme : suite à la série d’arrestations de militants lors de la première manif le 11 août 2007 qui visait à dénoncer les conditions de travail dans les usines de la région, le PCR avait décidé d’organiser une seconde action destinée à réaffirmer le droit à la dissidence politique. Cette fois-ci, pas d’arrestation, mais la présence des « forces de l’ordre » dans des véhicules banalisés, histoire de réaliser des « vidéos souvenirs » des manifestants présents. Nous avons donc diffusé un reportage réalisé sur place par Julien, du Magazine centre-ville du mardi. Le maccarthysme à l’ère de YouTube.
Entrevue avec Hans, du MASSE (Mouvement autonome et solidaire des sans-emploi) : fondé en 1999, le mouvement qui milite notamment en faveur d’un partage des richesses plus juste et du droit au travail pour tous, organise jeudi 4 octobre un « comité d’accueil au très déshonorable Brian Mulroney » pour répliquer à la soirée hommage mise sur pied par Québecor, la chambre de commerce de Montréal et l’Institut Fraser. Donc, soyez courtois, accueillez comme il se doit le signataire canadien de l’ALENA.
Les laquais du MCV vous recommandent chaudement de vous rendre demain jeudi à l’hôtel Windsor situé au 1170 Peel (métro Peel) à 17H30.
Dead Kennedys
Didier Super
FFF
Pauline Julien
* (ou comme dirait Didier Super : « (Jésus) est-ce que tu pourrais légaliser le mariage pour les curés, histoire qu’ils laissent un peu les enfants tranquilles ? »)
dimanche 30 septembre 2007
Emission du 26 septembre
Ah, l'époque bénie où les "Indiens", bouche cousue et plume pluggée dans une zone ad hoc, ajoutaient une touche folklorique et accessoirement silencieuse à nos clichés de vacances, cette époque où l'on pratiquait dans l'approbation générale la suture buccale des comploteurs judéo-trotskystes, cette délicieuse époque où tout n'était qu' "ordre, luxe et volupté" façon Duplessis. Tout était droit et propre. La piété dans un cadenas...Eh bien amis de l'ordre, réjouissez-vous, on annonce le grand come back des "fifties": le Canada (en guerre) conchie les communautés autochtones, le Québec via ses Robocops en ligne arrêtent des militants communistes. Join the moutons club. Sophie et Aurore ont convié depuis leur bûcher:
Aaron, animateur de l'émission "Roots, rock, rebel" à CKUT 90.3 fm au sujet de la soirée de soutien en faveur de Shawn Brant, organisée samedi 29 septembre. Militant mohawk de la communauté de Tyendinega dans l'est de l'Ontario, Shawn Brant a été arrêté le 5 juillet puis libéré sous caution le 31 août suite à son implication dans des blocus de chemins de fer et d'autoroutes sur le territoire mohawk Tyendinega. Actuellement détenu à domicile, S.B. s'était engagé dans un mouvement de résistance autochtone fondé sur une volonté de réappropriation des territoires ancestraux, confisqués par l'union fraternelle Etat canadien/province ontarienne/entreprises. Considérés jusqu'ici comme des sous-merdes, les autochtones renversent --via des actions directes de type occupation de territoires/perturbations économiques- les logiques de dépossession institutionnalisée. Sauf qu'il existe un lien consubstantiel entre les mobilisations politiques autochtones et la répression de nos petits amis en uniformes. En 2007, la criminalisation des mouvements sociaux n'existe pas.
Soirée bénéfice en faveur de Shawn Brant: 22h: Coop sur Généreux, 4518 Papineau (coin de Mont-Royal)
www.ocap.ca/supporttmt.html
rebel@ckut.ca
Jacques, du Parti communiste révolutionnaire, au sujet de la répression policière dont ont fait l’objet des militants du PCR lors d’une manifestation à St Jérôme le 11 août dernier. Selon le porte-parole de la police locale, les arrestations auraient été motivées par le caractère « haineux » des tracts distribués lors de la marche. Qualifié de « groupe extrême » par les services de renseignements du Québec, le PCR a donc la chance de se faire clouer le bec par des clones en uniformes un peu trop zélés, qui n’hésitent pas à coffrer tous ceux qui auraient la bonne idée d’exprimer des idées un peu trop outrecuidantes en ces temps de pensée mollusque. Dans cette époque de néo-maccarthysme policier, le PCR a donc prévu une autre manifestation à St Jérôme destinée à affirmer le droit à la dissidence politique dans un pays supposément démocratique. Avis donc à tous les gueux qui considèrent que la démocratie n’est pas circonscrite au droit de chanter à tue-tête « vive la police ! » en distribuant aux enfants et aux estropiés de guerre des bonbons « Ken et Barbie ».
Marie-Josée du FRAPRU (Front d'action populaire en réaménagement urbain). Le programme d’allocations logement est censé faciliter l’accès aux ménages disposant de faibles revenus Sauf que ce programme gouvernemental est sous-financé et (bizarrement) assez peu médiatisé. En dix ans, le nombre de bénéficiaires du programme est passé de 155 000 à 129 000. Un économiste de l’Institut Economique de Montréal vous expliquerait que la diminution du nombre de bénéficiaires s’explique par l’incroyable croissance qu’a connu le Québec : les 26 000 sous-fifres dans la misère se sont transformés en grands boss. Bien sûr.
Ils défoncent les moutons :
Un extrait de la compile du Collectif opposé à la brutalité policière
Téléphone, « Un autre monde » (F)
Arseniq 33, « Au secours la police » (Qc)
Brigitte Fontaine, « Baby boom boom » (F)
Les Wampas, « L’aquarium tactile » (F)
Keny Arkana, “La rage du peuple” (F)
vendredi 21 septembre 2007
Non émission du 19 septembre
Les laquais sont parfois aussi des slackers de première. Pas d’émission aujourd’hui, mais une sélection musicale préparée par le laquais A :
Concerto pour deux loques :
We are wolves, « We are all winners » (Qc)
Deweare, “Taste” (Cdn)
Kiss me deadly, “Dance 4” (Qc)
Télémaque, “Trop facile” (Qc)
Breasfeeders, “Amoureux solitaires” (Qc)
Les Rita Mitsouko, « C’est comme ça » (F)
No one is innocent, « Revolution.com » (F)
Vitamins for you, “Six o’clock whispers” (Cdn)
Katerine, “J’adore” (F)
Dee, “Let’s have a rendez-vous” (Cdn)
Patrick Watson, “Close to paradise” (Qc)
The Besnard Lakes, “For spy turned musicians” (Qc)
FFF, “Niggalize” (F)
Little Rabbits, “Une belle fille comme toi” (F)
Katerine, « Je vous emmerde » (F)
Les Wampas, « Comme un Kenyan » (F)
Téléphone, « Un autre monde » (F)
Zebda, « J’y suis, j’y reste » (F)
Les Sans Culottes, « Ecole de merde » (US)
Jacques Dutronc, « L’opportuniste » (F)
Ska-P, « Violencia machista » (Esp)*
Orishas, « Desaparecidos » (Arg)
mercredi 12 septembre 2007
Emission du 12 septembre
Lose, fiasco, farce, blague... l'effort de créativité terminologique que nécessite l'investissement dans les radios communautaires est immense le mercredi. Comme vous aurez pu vous en rendre compte, à moins bien sûr que vous ne soyez les heureux détenteurs de prothèses auditives datant de l'ex URSS, Radio Centre-Ville a connu un "léger" problème d'antenne entre 11H20 et 12H05, d'où le grésillement en ut mineur perçu sur le 102.3 fm. Et puisque nous sommes à l'ère de la "télé-réalité" et de la légèreté informationnelle, nous pouvons vous livrer quelques détails de cette demi-heure de vide dans le vide environnant: Les Wampas et NTM en fond sonore dans le studio, notre coordonnateur argentin à la limite d'allumer des cierges pour que l'activité radiophonique reprenne (enfin).
Donc, à 12H18, Ray Ventura et son "Tout va très bien, Madame la marquise" de circonstance ont signifié l'entrée en ondes des deux membres actives du Front de libération des laquais. Reçus aujourd'hui à Radio Croutons:
Deux habitants de l'arrondissement Ville-Marie qui poursuit sa lancée sur le mode "purification du quartier" accélérée. En effet, certains habitants d'un immeuble d'habitations à loyer abordable ont appris par voie de presse qu'ils seraient expulsés de leur appartement, un projet commercial et résidentiel (condos) ayant eu aux yeux des "décideurs publics" un peu plus d'attrait que la conservation d'un immeuble peu rentable. Le projet de démolition et de construction d'un Pharmaprix sur la rue Ontario (accompagné également de condos et de stationnements) a déclenché la formation d'une coalition incluant notamment le Comité logement Centre-Sud et des résidents de Ville-Marie. Le nettoyage social opéré dans les quartiers populaires de la ville via des législations anti chiens ou, comme dans le cas présent, par le biais de constructions de logements luxueux participe d'une volonté de créer une "ville à vendre" comme le disaient nos deux invités. L'opposition frontale entre les logiques commerciales et de protection sociale permet au moins de comprendre que, non seulement la ville s'engage dans une lutte aux "indésirables" (association compte en banque réduit/statut de sous-merde urbaine), mais qu'il est impératif de s'engager dans une résistance active face à ces pratiques peu reluisantes.
Comité logement centre-sud: (514) 521-0467
Kader Belaouni, immigrant algérien qui a pris refuge depuis le 1er janvier 2006 dans l'Eglise St Gabriel de Pointe Saint-Charles. Nous avons parlé avec lui des politiques discriminatoires menées par les autorités canadiennes en matière d'immigration. A l'image de la sélection indirecte relative aux "bons" et aux "mauvais" résidents des quartiers centraux de Montréal, les politiques migratoires canadiennes distinguent "le bon grain de l'ivraie" (merci le christianisme pour ces bons mots de tolérance) en refusant notamment aux handicapés (visuel dans le cas de Kader) d'origine arabe (horreur!) de vivre légalement sur son sol feuille-d'érablisé. Vivre reclus dans une église devant être a priori le choix de quelques illuminés en soutane, un comité de soutien en faveur de Kader s'est crée il y a un an afin de faire avancer son dossier, en d'autres termes, obtenir la régularisation de son statut au Canada.
www.soutienpourkader.net
soutienkader@gmail.com
(514) 859-9023
Puis, nous sommes revenues sur un article intitulé "En bas de l'échelle et au bas du rouleau" paru le 8 septembre dans le journal La Presse traitant d'inégalité face à la maladie mentale: curiosité absolue, c'est parmi les travailleurs au bas de l'échelle que ces pathologies sont le plus répandues. Nous qui croyions jusqu'alors que les patrons, investis corps et âme dans leur mission de guides spirituels et économiques, étaient les plus enclins à développer des troubles psychiques...D'ailleurs, que l'on rassure la populace, le corps policier est lui aussi, selon cette étude, plutôt à l'abri des déficiences neuronales (tout rire est bienvenu). Conclusion: dépressifs en usines de tous les pays, unissez-vous, entrez dans la "fraternité": les gilets pare-balles ne retiennent pas que les projectiles.
Symphonie en fiasco majeur:
Ray Ventura, "Tout va très bien, Madame la marquise" (F)
The Arcade Fire, "Haiti" (Qc)
Vilains Pingouins, "Petite vie, petite misère" (Qc)
Les Wampas, "Aquarium tactile" (F)
Nous ne l'avons pas évoqué dans l'émission, mais puisqu'on nous a rabattu hier les oreilles avec les célébrations du 11 septembre 2001, il convient de préciser que le "1er" 11 septembre marquant de l'histoire est surtout à trouver du côté du Chili, lors du coup d'Etat de Pinochet en 73 contre le socialiste Salvador Allende. Et pour paraphraser Boris Vian, sache, cher Augusto, que nous crevons d'envie d'aller "cracher sur [ta] tombe." Dors bien dans ton sommeil d'ordure.
jeudi 6 septembre 2007
Emission du 5 septembre
Quand il s'agit d'harponner les mollusques, Sophie et Aurore s'arment de solides pieux. Il est aisé de fendre les corps spongieux. Heureusement il existe dans cette vacuité totale quelques individus capables d'un peu de subversion et de renverser de fait l'ordre établi. Parmi eux:
Roberto Nieto, ancien coordonnateur du Centre d'appui aux travailleurs migrants agricoles et journaliste indépendant, qui anime notamment "Lendemain de la veille" à CKUT 90.3 fm. Il y a une semaine, le journal La Presse publiait dans son édition du jeudi 30 septembre un article signé André Noël, intitulé par un doux euphémisme "Un producteur expulse un prêtre". Le prêtre en question, Clément Bolduc, accompagné d'André Noël et de Roberto Nieto, avait eu l'étrange l'idée d'aller rencontrer à l'improviste quelques unes des 180 travailleuses mexicaines et guatémaltèques gentiment accueillies à la ferme FraiseBec. Les trois illuminés avaient eu cette pensée grotesque: les travailleuses sont recluses et disposent d'une liberté de mouvement extrêmement réduite, si ce n'est inexistante. Certainement troublée d'avoir à montrer de force les heureuses conditions de travail "offertes" aux travailleuses, la propriétaire de la ferme a tout simplement viré, grâce à la police appelée en renfort, les trois méchants petits voyeurs. Cette charmante humaniste convaincue a du penser qu'il serait beaucoup trop délicat de montrer au reste de la population les conditions de travail beaucoup trop favorables de quelques immigrantes basanées.
Séquestration, intimidation, liberté de la presse réduite, droits humains au rabais: in FraiseBec, we trust.
(la suite demain, notamment sur l'entrevue accordée par ladite proprio à un journaliste de TQS)
Jean-François Mary, membre de CACTUS, un organisme basé à Montréal qui fait de la prévention en matière de VIH/Sida et de l'intervention auprès de consommateurs de drogue, de jeunes de la rue, et de travailleur-se-s du sexe notamment. L'organisme organise mardi 11 septembre une rencontre pour permettre de faire tomber certains préjugés entourant les consommateurs de drogue et les personnes ayant contracté une MTS.
Retour sur la soirée de jeudi dernier organisée par la NEFAC au sujet de la possible grève étudiante illimitée en automne prochain. Anne-Marie, celle qui a inauguré la section "revue de presse trash" du MCV mercredi, expliquait quels pouvaient être les moyens de radicaliser le mouvement étudiant.
Bande son originale pour des actions directes:
Katerine, "Je vous emmerde" (F)
Orishas, "Desaparecidos" (Arg)
Nirvana, "Rape me" (US)
Ray Ventura, "Tout va très bien, Madame la marquise" (F)
Capitaine No, "Y a rien de drôle" (Qc)
Les Piqueteurs de la gloire, "Histoire de grève" (Qc)
Les Colocs, "Tout seul" (Qc)
Jacques Dutronc, "Les cactus" (F)
We are wolves, "We are all winners" (Qc)
Les Rita Mitsouko, "C'est comme ça" (F)
mercredi 29 août 2007
Emission du 29 août
Après la bonne santé de Deubeuliou et le bon moral des troupes en Afghanistan, enfin une bonne nouvelle à Radio-Canada: le Québec connaîtrait un phénomène de dénatalité. Tout ceci tend à prouver que: soit les mollusques nous écoutent et ont (enfin) appliqué les sains principes de non-reproduction de la connerie universelle, ou, autre possibilité (plus probable) sont trop occupés à s'acheter un condo en centre-ville.
Mais pour que les mollusques (ou plutôt le cash des mollusques) souhaitent s'installer parmi les gueux, la mairie de l'arrondissement Ville-Marie et les services de police de la ville de Montréal fonctionnent de concert en éliminant tout ce qui pourrait rompre l'harmonie visuelle dans le quartier. Nous avons donc parlé de judiciarisation et de criminalisation de la pauvreté, suite à l'action "Droits devant" menée vendredi dernier aux alentours du square Berri. Il s'agissait de distribuer aux passants de faux tickets afin que ceux-ci réalisent que la lutte aux "incivilités" est instrumentalisée par le SPVM afin d'éradiquer la population itinérante. Une entrevue réalisée par Julien, du Magazine Centre-Ville du mardi.
Retour sur la possible grève illimitée pour la rentrée pochaine. Nous avons donc reçu deux membres de la NEFAC qui co-organise une rencontre demain à 19h au 1710, Beaudry au sujet des enjeux et de la radicalisation possible de la grève étudiante. Suite à l'annonce du dégel des frais de scolarité faite par le gouvernement, les différentes associations étudiantes réfléchissent à un plan d'action capable de contrer les volontés très progressistes de la "Bande à Charest".
Rediffusion de l'entrevue réalisée lors de la dernière émission avec Jacques, du Parti communiste révolutionnaire au sujet du Forum social québécois.
Entrevue réalisée en marge de la manifestation de clôture du FSQ dimanche dernier avec un membre d' Haïti Action Montréal au sujet de la présence plus que controversée d'un conférencier qui aurait été un ancien putschiste.
Trame sonore pour journées poisseuses:
Arseniq 33, "Au secours la police" (Qc)
Un extrait de la trame sonore de "Quiconque meurt, meurt à douleur" (Qc)
Natas (Qc)
Kiss me deadly, "Dance 4" (Cdn)
Sergio Ortega, "El pueblo unido..." (Chili)
Pauline Julien, "Eille" (Qc)
Jacques Michel, "Un nouveau jour va se lever" (Qc)
Trouvée ce matin sur le site du CMAQ: une superbe vidéo tournée lors de la manif à Montebello:
fr.youtube.com/watch?v=s85LWeY4qtw
Emission du 22 août
Considérant que le décalage existant entre l'auteure de ces lignes et l'humanité dans son ensemble est à l'image de la fosse synaptique du bouffeur de bretzel du Sud -béante-, le décalage d'une semaine entre la réalisation d'une émission et son archivage sur un blogue paraît finalement avoir, sur le reste du monde, une incidence comparable à celle du tour de vélo autour d'un lac outaouais par ledit bouffeur de bretzel.
Donc, il y a une semaine, Sophie et Aurore, fraîchement gazées de l'avant-veille, ont exploité:
Une entrevue réalisée avec un militant lors de la manif à Montebello par Christian, journaliste indépendant que vous pouvez entendre tous les mardis au Magazine Centre-Ville et à l'émission Planète internationale, au 102.3 fm. Ce mercenaire officie également à CKUT dans l'émission En profondeur tous les lundis.
Jacques, du Parti communiste révolutionnaire, au sujet du Forum social québécois. Doit-on considérer le FSQ comme une extension contemporaine de la "Philosophie dans le boudoir"? S' "adapter" ou tout détruire? Bien que la perspective d'organiser des "débats citoyens" puisse apparaître en premier lieu comme une tentative de réappropriation de la parole politique par la base, il n'empêche que ces discussions sont souvent dépourvues d'effets directs sur l'organisation sociale, politique et économique mondiale. En gros, il n'y a pas de révolution dans les salons. Ou pour reprendre l'expression de Jacques, on assiste avec le FSQ à l'expansion du "tourisme révolutionnaire". C'est la raison pour laquelle s'est joint à la manifestation de clôture du FSQ un cortège anticapitaliste, formé -entre autres- par des membres de PINAY (organisme qui milite en faveur de la reconnaissance des droits des travailleuses philippines au Canada), du PCR et de militants anarchistes.
Retour sur la couverture médiatique du sommet de Montebello. "Tout va très bien, Madame la Marquise". Voir l'article ci-dessous.
Musique de chambre pour masques à gaz:
Rage against the machine, "Take the power back" (US)
Zebda, "Ca va pas être possible" (F)
L'Internationale Situationniste, "Paris s'éveille" (F)
Georges Moustaki, "Sans la nommer" (F)
mercredi 22 août 2007
Montebello: le Temps des Bouffons ou la couverture médiatique de Radio-Cadenas
« Ecouter pour voir » : l’un des slogans mis au point par l’équipe de com’ de la Société Radio-Canada (SRC) permet non seulement de comprendre que les véritables « slackers » ne sont pas à trouver dans la rue mais plutôt dans les services de communication des grandes entreprises, mais surtout que l’écoute et la lecture des commentaires faits par les médias traditionnels sur des événements tel que le sommet de Montebello permettent de « voir » la nécessité de s’engager dans la pratique d’un journalisme antimollusque.
Quand on sait que la maîtrise d’un certain type de langage place son producteur dans une posture de domination par rapport à son récepteur, on prend alors l’exacte mesure du rôle que peuvent jouer les médias dans les représentations communes. Lorsque hier soir (lundi 20 août), par exemple, le journal télévisé de Radio-Canada a présenté le sujet consacré au sommet de Montebello, on a eu droit à une démonstration classique de l’à-plat-ventrisme sans surprise qui caractérise aujourd’hui la quasi-totalité des médias traditionnels.
La couverture du sommet de Montebello avait été précédée par un reportage sur la mort d’un soldat canadien en Afghanistan intitulé « En larmes » (sic). La journée du 20 août a été placée sous le signe de la suractivité des glandes lacrymales (à la maison pour les millions de fidèles du JT de RadCan entre 22h et 22h05, à Montebello pour tous les autres qui ont eu la chance d’entrer en contact direct avec l’esprit ( ?) gazeux de sous-Robocops en ligne).
Le lyrisme patriotique, voici une approche que l’on devrait enseigner aux étudiants en journalisme : avant d’introduire un sujet qui pourrait s’avérer un peu trop chatouilleux, voire carrément subversif, toujours verser dans le sirupeux national afin de pouvoir ramollir tranquillement le cerveau (ou ce qu’il en reste) des téléspectateurs. Très logique : comment pourrait-on s’en prendre aux politiques extérieures canadiennes quand 5 minutes avant, on nous enjoint quasiment de prier pour nos soldats ? Critiquer le PSP, ce serait de la traîtrise pure et simple. On allume des cierges et on éteint le cerveau.
(D’ailleurs, à tous ceux qui osent encore prétendre qu’il existe une approche « neutre » et « objective » du journalisme en général, je répondrais que le choix même d’un sujet au détriment d’un autre participe d’un parti pris idéologique. Et ouvrir un JT avec un reportage intitulé « En larmes » au sujet d’un soldat « mort au combat » relève de la propagande pure et simple. Les « agents provocateurs », ce n’est pas dans les manifs qu’on devrait les trouver mais dans les salles de rédaction…) (*)
Le capitalisme est une vue de l’esprit dans la tour SRC
Donc, après un reportage débordant de compassion et de sentiment patriotique pancanadien, le reportage sur Montebello avec en introduction l’arrivée des chefs d’Etat et l’évocation des « enjeux » du PSP et dernière partie les manifestations anti-PSP.
Tout d’abord, on notera une curiosité terminologique : à en croire les journalistes, le capitalisme n’existe pas. Il doit être le fruit de paranoïaques victimes d’hallucinations intempestives. Même le mot « néo-libéralisme » n’a pas été évoqué dans les reportages consacrés au sommet de Montebello. Certes, on imagine mal Céline Galipeau sortir de son « bureau-présentoir » un drapeau noir en criant « A mort le capitalisme et, j’oubliais, mort aux vaches ! », mais il aurait quand même été appréciable de mentionner que le Partenariat nord-américain pour la Sécurité et la Prospérité procédait quand même d’un durcissement des politiques néo-libérales actuelles. A écouter les commentaires du journaliste qui a réalisé le reportage, le PSP est parfaitement inoffensif et hors de tout cadre idéologique précis. D’ailleurs, le dictionnaire mis à disposition des journalistes de Radio-Canada et consorts semble être frappé par un phénomène de combustion spontanée puisqu’on nous informe que les entrées « capitalisme », « idéologie » et accessoirement « esprit critique » ont disparu (c’est à se demander d’ailleurs s’il a déjà existé).
Non, ce n’est pas être un journaliste de la Pravda ou de Radio Moscou que d’utiliser les mots « idéologie » et « capitalisme » dans un JT quotidien. Quand est-ce que les médias traditionnels cesseront une bonne fois pour toutes de proposer un bulletin de nouvelles digne d’un spot publicitaire pour Disneyland ? (répondant au joyeux triptyque : un peu de pathos cheap, du divertissement « gentil » et un encéphalogramme plat en sus)
Le PSP, c’est le capitalisme triomphant qui se fout royalement de nos existences. 35 secondes en ouverture du sujet consacré à la promenade en vélo de Bush autour du lac de Montebello, c’est prendre les gens pour des cons. Ceux qui fraîchement sortis de leur école de journalisme (rattachée au département de communication, rapprochement troublant) s’offusquent en bons démocrates de voir des reportages quotidiens sur la santé de Fidel Castro dans les médias de la Havane ne voient absolument pas en quoi un sujet sur la forme physique de George W. Bush est obscène. Obscène quand on sait que dans le même temps, alors que monsieur pédalait en toute quiétude autour du petit bassin, des manifestants se faisaient gazer en bonne et due forme.
L’arthrite de George W. Bush n’est pas trop avancée, donc tout va bien. Le journalisme militant a de l’avenir. Un militantisme profond qu’on pu aussi ressentir fortement quand le journaliste a cru bon de parler de « l’accueil très favorable » accordé au président mexicain, Felipe Calderon : on voit à l’image une dizaine d’employés du Château Montebello faire une haie d’honneur au clone exotique. Ce qui fait dire au journaliste : « Calderon accueilli en héros » (sic). Donc, si le petit personnel fait son boulot (on imagine bien que celui qui aurait eu la bonne idée d’amener une banderole anticapitaliste se serait fait « remercier » illico), c’est qu’il aime profondément le président mexicain et le PSP.
(Je précise que TQS a fait encore mieux dans l’absurde lundi soir : pourquoi se faire chier à réaliser des entrevues avec des militants anarchistes présents sur place qui pourraient nous expliquer les motifs de leur action, quand on peut consacrer 30 secondes au témoignage troublant d’esprit critique du « cuisinier en chef » du restaurant du château de Montebello qui avoue être « très heureux » de préparer un banquet pour George W. Bush ? Il y a des cupcakes au cyanure qui se perdent.)
Est-ce une lobotomie ou une purge que l’on doit envisager dans le cas des journalistes radio-canadiens (et autres pâles copies des médias privés) ?
Du concept de « violence »
Une fois le téléspectateur radio-canadien rassuré d’apprendre que ses congénères de l’Outaouais ont accueilli « comme il se doit » les « grands de ce monde », le journaliste radio-canadien lui présente ce qu’il attend avant tout : la preuve que les manifestants sont de méchants trouble-fêtes mal habillés. Certes, cette partie a été ponctuée par quelques témoignages éclairs de militants présents dans la manif. Certes. Mais, il est toujours frappant de constater l’utilisation du concept de « violence » faite par les médias traditionnels. Sont appelés « violence » selon les journalistes, et dans le désordre : un militant en noir qui crie bien trop fort et perturbe le sommeil de mamie, un projectile lancé par un manifestant contre un « représentant des forces de l’ordre » surarmé qui pourrait le réduire en miettes en moins de deux, et plus globalement toute forme d’expression qui tendrait à remettre en cause les règles de la « bienséance ».
Dans le même temps, un patron qui ferme une usine et licencie ses employés, ce n’est pas de la « violence », c’est de l’ « adaptation » ou de la « flexibilité ». Mourir chez soi parce qu’on ne peut se payer des soins à l’hôpital, pas de la « violence », un « manque d’initiatives personnelles pour s’en sortir ».
J’attends le jour (candeur ?) où des journalistes vont enfin utiliser le terme de « violence structurelle » et de « violence symbolique » pour décrire des phénomènes qui contraignent l’individu à des choix impossibles. La « violence » spectaculaire (au sens visuel) des Black Blocs n’est-elle pas une contre-réponse légitime aux phénomènes de violence structurelle exercée par les représentants du statu quo, à savoir l’Etat et les entreprises ?
Puisque les journalistes des médias traditionnels semblent particulièrement apprécier la « nuance » dans leurs propos, pourquoi n’appliquent-ils pas à leurs propres commentaires une méthode qui consisterait précisément à connaître toutes les « nuances », ou plutôt significations, du mot « violence » ? La « nuance » en général dans le journalisme traditionnel, c’est le garant du maintien du statu quo. Et en parlant de « nuance » en général, comment avoir une approche « nuancée » d’événements tel Montebello quand la réalité ne l’est pas ? Enfin, grâce à l’esprit « nuancé » des journalistes radio-canadiens entre autres, personne ne sera « froissé ».
Le meilleur pour la fin : la parole de l’ « expert »
Après le tricycle de George W. Bush dont on se fout, l’accueil en fanfare de Calderon dont on se fout tout autant et la tenue vestimentaire des anarchistes, vient le temps de l’invité pas très surprise convié par Céline Galipeau. Oui, parce que vous comprenez, Céline a bien appris cette structure rhétorique très simple enseignée dans les grandes écoles de ce pays : thèse/antithèse/synthèse. Donc, après Bush content et les anars gazés « pas gentils », le « spécialiste de la question » arrive en studio. On peut affirmer sans crainte que ce fut un moment grandiose : Guy Lachapelle, professeur de science politique à l’université Concordia va vous rassurer pendant 3 minutes quant à votre avenir que certains d’entre vous pouvaient encore estimer médiocre. Non, le PSP c’est bien « en fait ». Comme ses amis journalistes, Guy Lachapelle a bien retenu sa leçon : « commence toujours par une petite phrase lyrique, qui ramollit le cerveau et laisse la personne totalement désarmée et avide de réconfort ». Guy a donc commencé ses propos par un superbe « après les événements tragiques du 11 septembre ». Eh oui, pas mal, forcément, Guy sachant très bien que 80% des gens (optimisme) peuvent se laisser berner assez facilement sur le sujet, quelle meilleure façon d’introduire un « éclaircissement sur le PSP » que de rappeler à ses compatriotes qu’ils vivent dans un climat d’insécurité totale ? Comment le téléspectateur pourrait-il déconstruire l’intitulé même du sommet quand on lui sert un discours pro-sécuritaire ? En gros : « ça va mal, beaucoup d’insécurité hein ? Nous avons justement ce qu’il vous faut : un Partenariat pour la…Sécurité (et en plus !) la Prospérité ».
On se serait cru dans un clip publicitaire diffusé à 3 heures du matin sur TVA pour un aspirateur/robot mixer/congélateur. Produits qui s’appellent invariablement « l’enchanteur de vie », « le facilitateur d’existence », bref personne n’est fondamentalement contre le fait de se faciliter la vie. C’est un peu la même chose avec Guy Lachapelle et sa présentation du PSP. « Il y a le mot sécurité et prospérité, et c’est ce qu’ils veulent ». Guy Lachapelle a même jugé bon de rappeler que « grâce au PSP », il y aurait une « harmonisation » des dispositifs en matière de santé. « Harmoniser », cela veut dire privatiser le système de santé (entre autres), mais ça, Guy Lachapelle, dans un grand moment d’absence, a oublié de préciser.
Quand Céline Galipeau s’est hasardée à lui poser une question sur le « déficit démocratique » entourant le PSP, Guy Lachapelle, expert de la stratégie d’évitement et du capitalisme édulcoré, lui a répondu sur un ton rassurant que, en gros, les trois Etats se dotaient je cite « d’institutions communes qui règleront nos différends ». En effet, Harper, Bush et Calderon vont mettre tout le monde « d’accord » de facto puisqu’il n’y a pas de débat au parlement et que les voix des anti-PSP sont rendues inaudibles dans les médias traditionnels. L’entrevue aurait pu donc avoir pour sous-titre « Tout va très bien, Madame la marquise ».
Partie de campagne
Après l’avènement de la « droite décomplexée » à l’arrivée au pouvoir de Sarkozy en France, la consolidation du capitalisme mondial décomplexé. Aujourd’hui, les dirigeants du continent nord-américain ne se cachent même plus quand il s’agit de renforcer le primat des intérêts économiques sur les droits humains. Avant, on essayait d’assurer la légitimité des décisions prises par une minorité en les confiant aux représentations nationales (le temps où la pièce « Simulacre de démocratie représentative » jouait encore), aujourd’hui, pourquoi s’emmerder alors que l’on peut se réunir à trois dans un château, aux frais de la princesse, pour satisfaire, dans un échange de bons procédés, les intérêts d’entreprises cotées en bourse ?
Bien que les journalistes aient particulièrement aimé la formule « derrière des portes closes » pour qualifier le processus décisionnel adopté par Harper, Bush et Calderon (certes, oui, mais c’est assez faible pour parler de cette farce de Montebello), nous avons pu néanmoins obtenir un compte-rendu assez détaillé des échanges de nos trois amis pendant leur « pause cigares entre connards » :
« Je t’ouvre le marché nord-américain à coup de réglementations minute, tu me construis la clôture qui permettra à cette gang de sous-fifres mexicains de s’empaler gratis près du Rio Grande. » ou « Je fais de la sécurité un « enjeu » national ; avec mes amis rédacteurs en chef et « experts », je crée un climat d’insécurité permanent, ainsi je peux contrôler tous les faits et gestes des millions de blaireaux qui ont voté pour moi –ils se sentent rassurés et protégés-, mais comme ils leur reste un fond –très juteux- de sentiment d’insécurité, tu leur vends tes burgers bourrés de gras trans pour qu’ils puissent mener une vie gastrique et cérébrale molle. »
Parce que, finalement, qu’est ce que le sommet de Montebello, si ce n’est une représentation à échelle réduite du système capitaliste lui-même ? Des valets qui servent des seigneurs et montrent (sont obligés) de montrer leur contentement aux messagers du roi ; des seigneurs, qui, une fois repus, rotent de plaisir en songeant aux bénéfices qu’ils vont engranger dans un climat de « franche camaraderie ».
La servitude volontaire a assez duré. Asphyxions les bouffons.