Ah, horreur, des hordes de nains en shorts orange squattent les rues pour réclamer leur dose de glucose annuelle. Au-delà de cette parade des lardons transformés en sorcièr-e-s juvéniles, le laquais A., séparée du laquais S. (aliénée quelque part ailleurs à Montréal), vous a emmerdé une fois de plus avec ce qui s’apparente à une « chasse aux sorcières » version 2007, à savoir une éradication des immigrants et des militants anti-guerre. Nous avons donc reçu Kader Belaouni, Frisou de la Otra Campana - Montréal et Francis Dupuis-Déri.
Début janvier 2006, Kader Belaouni, un immigrant algérien d’Oran, prenait refuge dans le sanctuaire de l’église St Gabriel de Pointe Saint-Charles pour éviter une déportation vers son pays d’origine. Depuis, un collectif a été fondé afin de l’appuyer dans ses démarches pour obtenir la régularisation de son statut. Sauf que, malgré la mobilisation qui s’est créée autour de Kader, incluant divers groupes communautaires du quartier et d’ailleurs, la ministre fédérale de l’immigration semble être frappée par un phénomène de déni total. Donc, au lieu d’envoyer des mini cartes ridicules de « bonne année » (… « mon cul », comme dirait Desproges) modèle « Hiver sous la neige acrylique en terre adéquiste », pensez plutôt à adresser vos vœux pleins de bienveillance à l’égard de la ministre fédérale de l’immigration, Diane Finley. On nous rapporte d’ailleurs que ce nouveau contact que vous vous ferez un plaisir d’inscrire dans votre carnet d’adresses souffrirait d’une surdité profonde. Enfin, la surdité gouvernementale, c’est comme la mémoire, sélective, très sélective. Voici donc les « coordonnées » de Diane :
Ottawa, Ontario
K1A 0A6
Téléphone : (613) 996-4974
Fax: (613) 996-9749
Courriel : minister@cic.gc.ca
Car, à en croire les pratiques du gouvernement canadien en matière d’immigration, un « bon » immigrant, c’est un diplômé plein aux as, pas trop basané de préférence. Et pour peu que le requérant provienne d’un pays inscrit sur la fameuse « black list » émise par les Etats-Unis après les attentats du 11 septembre 2001, il est assez bien placé pour retourner directement s’amuser dans l’ « axe du Mal ». C’est vrai, la sélection d’un individu au profit d’un autre selon des critères d’origine, c’est « bien ».
Collectif "Soutien pour Kader": www.soutienpourkader.netToujours à Montréal en octobre, on peut voir fleurir un peu partout des affiches ayant pour slogan : « Le Mexique : au-delà de votre imagination ». C’est juste, car, s’il y a bien une chose qui va au-delà, bien au-delà, de notre imagination au Mexique, c’est la répression qu’exerce de façon systématique l’Etat sur les mouvements sociaux. On se souvient notamment de la mobilisation à Atenco contre l’installation d’un aéroport, et plus récemment la protestation des vendeurs de fleurs contre l’installation d’un Wal-Mart. Et puis il y a eu Oaxaca, avec le mouvement des enseignants, réprimé sur ordre du gouverneur de la province, le priiste Ulises Ruiz. En appui à ces mouvements populaires, le collectif la Otra Campana-Montréal organise une soirée de financement vendredi 2 novembre au Rhizome, situé au 1800, Létourneux, dans le quartier Hochelaga (métro Pie IX). Au programme, la diffusion d’un documentaire et des groupes punks (quelle décadence au Rhizome…) et hip hop notamment.
Ah, horreur, des hordes de zombies en shorts kaki squattent les rues de Kandahar pour réclamer leur dose d’hémoglobine annuelle. Mais si le zombie en short kaki est un bon père de famille, aimant les sports de plein air et le scrabble, alors la tuerie n’en est que plus douce. « Là où ils font un désert, ils appellent cela la paix ».*
Nous avons donc reçu Francis Dupuis-Déri, professeur de sciences politiques à l’Université du Québec à Montréal, au sujet de la parution de son dernier ouvrage intitulé « L’éthique du vampire- de la guerre d’Afghanistan et quelques horreurs du temps présent ». Nous avons abordé avec lui la question du discours de légitimation de l’invasion militaire canadienne en Afghanistan. Présentée comme une mission humanitaire option « construction d’écoles et émancipation de ces petits êtres fragiles aka les femmes afghanes », la « présence » canadienne participe de la formule orwellienne « la guerre, c’est la paix ». En d’autres termes, Harper et ses courtisans d’Ottawa et d’ailleurs (incluant députés et rédac chefs de la plupart des médias privés et publiques) s’évertuent à construire l’image du militaire en tant que héros des temps modernes, dont l’humanisme supposé, embarqué dans un char d’assaut, démentirait toute suspicion de néo-colonialisme 2007. « Nos » soldats sont de braves gens, en fait. La déconstruction du discours canadien de légitimation de la guerre d’Afghanistan repose –entre autres- sur une relecture du « Fardeau de l’homme blanc » de Kipling, discours qui a permis aux puissances coloniales d’asseoir leurs politiques impérialistes sur des motifs supposément « humanistes » (« tiens, tu la vois bien ma civilisation, fucking autochtone ? »). Et comme la tentation était grande, nous avons également parlé des non mobilisations étudiantes (ou mobilisations « faibles », pour faire taire mes penchants misanthropes). Enfin, là où ils font un désert, certains, dont Francis Dupuis-Déri, appellent cela la guerre.
Claquements de doigt du macchabée :
Deweare, « Tiger woman » (Cdn)
Brixton Cats, « Enfants du système » (F)
Didier Super, « On va tous crever » (F)
Légitime Défonce, « Esclave moderne » (F)
Boris Vian, « Le déserteur » (F)
Paris Violence, « Made in Paris » (F)
Didier Super, « Y en a marre des pauvres » (F)
Les Rita Mitsouko, « Y a d’la haine » (F)
*Tacite
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