mercredi 29 août 2007
Emission du 29 août
Après la bonne santé de Deubeuliou et le bon moral des troupes en Afghanistan, enfin une bonne nouvelle à Radio-Canada: le Québec connaîtrait un phénomène de dénatalité. Tout ceci tend à prouver que: soit les mollusques nous écoutent et ont (enfin) appliqué les sains principes de non-reproduction de la connerie universelle, ou, autre possibilité (plus probable) sont trop occupés à s'acheter un condo en centre-ville.
Mais pour que les mollusques (ou plutôt le cash des mollusques) souhaitent s'installer parmi les gueux, la mairie de l'arrondissement Ville-Marie et les services de police de la ville de Montréal fonctionnent de concert en éliminant tout ce qui pourrait rompre l'harmonie visuelle dans le quartier. Nous avons donc parlé de judiciarisation et de criminalisation de la pauvreté, suite à l'action "Droits devant" menée vendredi dernier aux alentours du square Berri. Il s'agissait de distribuer aux passants de faux tickets afin que ceux-ci réalisent que la lutte aux "incivilités" est instrumentalisée par le SPVM afin d'éradiquer la population itinérante. Une entrevue réalisée par Julien, du Magazine Centre-Ville du mardi.
Retour sur la possible grève illimitée pour la rentrée pochaine. Nous avons donc reçu deux membres de la NEFAC qui co-organise une rencontre demain à 19h au 1710, Beaudry au sujet des enjeux et de la radicalisation possible de la grève étudiante. Suite à l'annonce du dégel des frais de scolarité faite par le gouvernement, les différentes associations étudiantes réfléchissent à un plan d'action capable de contrer les volontés très progressistes de la "Bande à Charest".
Rediffusion de l'entrevue réalisée lors de la dernière émission avec Jacques, du Parti communiste révolutionnaire au sujet du Forum social québécois.
Entrevue réalisée en marge de la manifestation de clôture du FSQ dimanche dernier avec un membre d' Haïti Action Montréal au sujet de la présence plus que controversée d'un conférencier qui aurait été un ancien putschiste.
Trame sonore pour journées poisseuses:
Arseniq 33, "Au secours la police" (Qc)
Un extrait de la trame sonore de "Quiconque meurt, meurt à douleur" (Qc)
Natas (Qc)
Kiss me deadly, "Dance 4" (Cdn)
Sergio Ortega, "El pueblo unido..." (Chili)
Pauline Julien, "Eille" (Qc)
Jacques Michel, "Un nouveau jour va se lever" (Qc)
Trouvée ce matin sur le site du CMAQ: une superbe vidéo tournée lors de la manif à Montebello:
fr.youtube.com/watch?v=s85LWeY4qtw
Emission du 22 août
Considérant que le décalage existant entre l'auteure de ces lignes et l'humanité dans son ensemble est à l'image de la fosse synaptique du bouffeur de bretzel du Sud -béante-, le décalage d'une semaine entre la réalisation d'une émission et son archivage sur un blogue paraît finalement avoir, sur le reste du monde, une incidence comparable à celle du tour de vélo autour d'un lac outaouais par ledit bouffeur de bretzel.
Donc, il y a une semaine, Sophie et Aurore, fraîchement gazées de l'avant-veille, ont exploité:
Une entrevue réalisée avec un militant lors de la manif à Montebello par Christian, journaliste indépendant que vous pouvez entendre tous les mardis au Magazine Centre-Ville et à l'émission Planète internationale, au 102.3 fm. Ce mercenaire officie également à CKUT dans l'émission En profondeur tous les lundis.
Jacques, du Parti communiste révolutionnaire, au sujet du Forum social québécois. Doit-on considérer le FSQ comme une extension contemporaine de la "Philosophie dans le boudoir"? S' "adapter" ou tout détruire? Bien que la perspective d'organiser des "débats citoyens" puisse apparaître en premier lieu comme une tentative de réappropriation de la parole politique par la base, il n'empêche que ces discussions sont souvent dépourvues d'effets directs sur l'organisation sociale, politique et économique mondiale. En gros, il n'y a pas de révolution dans les salons. Ou pour reprendre l'expression de Jacques, on assiste avec le FSQ à l'expansion du "tourisme révolutionnaire". C'est la raison pour laquelle s'est joint à la manifestation de clôture du FSQ un cortège anticapitaliste, formé -entre autres- par des membres de PINAY (organisme qui milite en faveur de la reconnaissance des droits des travailleuses philippines au Canada), du PCR et de militants anarchistes.
Retour sur la couverture médiatique du sommet de Montebello. "Tout va très bien, Madame la Marquise". Voir l'article ci-dessous.
Musique de chambre pour masques à gaz:
Rage against the machine, "Take the power back" (US)
Zebda, "Ca va pas être possible" (F)
L'Internationale Situationniste, "Paris s'éveille" (F)
Georges Moustaki, "Sans la nommer" (F)
mercredi 22 août 2007
Montebello: le Temps des Bouffons ou la couverture médiatique de Radio-Cadenas
« Ecouter pour voir » : l’un des slogans mis au point par l’équipe de com’ de la Société Radio-Canada (SRC) permet non seulement de comprendre que les véritables « slackers » ne sont pas à trouver dans la rue mais plutôt dans les services de communication des grandes entreprises, mais surtout que l’écoute et la lecture des commentaires faits par les médias traditionnels sur des événements tel que le sommet de Montebello permettent de « voir » la nécessité de s’engager dans la pratique d’un journalisme antimollusque.
Quand on sait que la maîtrise d’un certain type de langage place son producteur dans une posture de domination par rapport à son récepteur, on prend alors l’exacte mesure du rôle que peuvent jouer les médias dans les représentations communes. Lorsque hier soir (lundi 20 août), par exemple, le journal télévisé de Radio-Canada a présenté le sujet consacré au sommet de Montebello, on a eu droit à une démonstration classique de l’à-plat-ventrisme sans surprise qui caractérise aujourd’hui la quasi-totalité des médias traditionnels.
La couverture du sommet de Montebello avait été précédée par un reportage sur la mort d’un soldat canadien en Afghanistan intitulé « En larmes » (sic). La journée du 20 août a été placée sous le signe de la suractivité des glandes lacrymales (à la maison pour les millions de fidèles du JT de RadCan entre 22h et 22h05, à Montebello pour tous les autres qui ont eu la chance d’entrer en contact direct avec l’esprit ( ?) gazeux de sous-Robocops en ligne).
Le lyrisme patriotique, voici une approche que l’on devrait enseigner aux étudiants en journalisme : avant d’introduire un sujet qui pourrait s’avérer un peu trop chatouilleux, voire carrément subversif, toujours verser dans le sirupeux national afin de pouvoir ramollir tranquillement le cerveau (ou ce qu’il en reste) des téléspectateurs. Très logique : comment pourrait-on s’en prendre aux politiques extérieures canadiennes quand 5 minutes avant, on nous enjoint quasiment de prier pour nos soldats ? Critiquer le PSP, ce serait de la traîtrise pure et simple. On allume des cierges et on éteint le cerveau.
(D’ailleurs, à tous ceux qui osent encore prétendre qu’il existe une approche « neutre » et « objective » du journalisme en général, je répondrais que le choix même d’un sujet au détriment d’un autre participe d’un parti pris idéologique. Et ouvrir un JT avec un reportage intitulé « En larmes » au sujet d’un soldat « mort au combat » relève de la propagande pure et simple. Les « agents provocateurs », ce n’est pas dans les manifs qu’on devrait les trouver mais dans les salles de rédaction…) (*)
Le capitalisme est une vue de l’esprit dans la tour SRC
Donc, après un reportage débordant de compassion et de sentiment patriotique pancanadien, le reportage sur Montebello avec en introduction l’arrivée des chefs d’Etat et l’évocation des « enjeux » du PSP et dernière partie les manifestations anti-PSP.
Tout d’abord, on notera une curiosité terminologique : à en croire les journalistes, le capitalisme n’existe pas. Il doit être le fruit de paranoïaques victimes d’hallucinations intempestives. Même le mot « néo-libéralisme » n’a pas été évoqué dans les reportages consacrés au sommet de Montebello. Certes, on imagine mal Céline Galipeau sortir de son « bureau-présentoir » un drapeau noir en criant « A mort le capitalisme et, j’oubliais, mort aux vaches ! », mais il aurait quand même été appréciable de mentionner que le Partenariat nord-américain pour la Sécurité et la Prospérité procédait quand même d’un durcissement des politiques néo-libérales actuelles. A écouter les commentaires du journaliste qui a réalisé le reportage, le PSP est parfaitement inoffensif et hors de tout cadre idéologique précis. D’ailleurs, le dictionnaire mis à disposition des journalistes de Radio-Canada et consorts semble être frappé par un phénomène de combustion spontanée puisqu’on nous informe que les entrées « capitalisme », « idéologie » et accessoirement « esprit critique » ont disparu (c’est à se demander d’ailleurs s’il a déjà existé).
Non, ce n’est pas être un journaliste de la Pravda ou de Radio Moscou que d’utiliser les mots « idéologie » et « capitalisme » dans un JT quotidien. Quand est-ce que les médias traditionnels cesseront une bonne fois pour toutes de proposer un bulletin de nouvelles digne d’un spot publicitaire pour Disneyland ? (répondant au joyeux triptyque : un peu de pathos cheap, du divertissement « gentil » et un encéphalogramme plat en sus)
Le PSP, c’est le capitalisme triomphant qui se fout royalement de nos existences. 35 secondes en ouverture du sujet consacré à la promenade en vélo de Bush autour du lac de Montebello, c’est prendre les gens pour des cons. Ceux qui fraîchement sortis de leur école de journalisme (rattachée au département de communication, rapprochement troublant) s’offusquent en bons démocrates de voir des reportages quotidiens sur la santé de Fidel Castro dans les médias de la Havane ne voient absolument pas en quoi un sujet sur la forme physique de George W. Bush est obscène. Obscène quand on sait que dans le même temps, alors que monsieur pédalait en toute quiétude autour du petit bassin, des manifestants se faisaient gazer en bonne et due forme.
L’arthrite de George W. Bush n’est pas trop avancée, donc tout va bien. Le journalisme militant a de l’avenir. Un militantisme profond qu’on pu aussi ressentir fortement quand le journaliste a cru bon de parler de « l’accueil très favorable » accordé au président mexicain, Felipe Calderon : on voit à l’image une dizaine d’employés du Château Montebello faire une haie d’honneur au clone exotique. Ce qui fait dire au journaliste : « Calderon accueilli en héros » (sic). Donc, si le petit personnel fait son boulot (on imagine bien que celui qui aurait eu la bonne idée d’amener une banderole anticapitaliste se serait fait « remercier » illico), c’est qu’il aime profondément le président mexicain et le PSP.
(Je précise que TQS a fait encore mieux dans l’absurde lundi soir : pourquoi se faire chier à réaliser des entrevues avec des militants anarchistes présents sur place qui pourraient nous expliquer les motifs de leur action, quand on peut consacrer 30 secondes au témoignage troublant d’esprit critique du « cuisinier en chef » du restaurant du château de Montebello qui avoue être « très heureux » de préparer un banquet pour George W. Bush ? Il y a des cupcakes au cyanure qui se perdent.)
Est-ce une lobotomie ou une purge que l’on doit envisager dans le cas des journalistes radio-canadiens (et autres pâles copies des médias privés) ?
Du concept de « violence »
Une fois le téléspectateur radio-canadien rassuré d’apprendre que ses congénères de l’Outaouais ont accueilli « comme il se doit » les « grands de ce monde », le journaliste radio-canadien lui présente ce qu’il attend avant tout : la preuve que les manifestants sont de méchants trouble-fêtes mal habillés. Certes, cette partie a été ponctuée par quelques témoignages éclairs de militants présents dans la manif. Certes. Mais, il est toujours frappant de constater l’utilisation du concept de « violence » faite par les médias traditionnels. Sont appelés « violence » selon les journalistes, et dans le désordre : un militant en noir qui crie bien trop fort et perturbe le sommeil de mamie, un projectile lancé par un manifestant contre un « représentant des forces de l’ordre » surarmé qui pourrait le réduire en miettes en moins de deux, et plus globalement toute forme d’expression qui tendrait à remettre en cause les règles de la « bienséance ».
Dans le même temps, un patron qui ferme une usine et licencie ses employés, ce n’est pas de la « violence », c’est de l’ « adaptation » ou de la « flexibilité ». Mourir chez soi parce qu’on ne peut se payer des soins à l’hôpital, pas de la « violence », un « manque d’initiatives personnelles pour s’en sortir ».
J’attends le jour (candeur ?) où des journalistes vont enfin utiliser le terme de « violence structurelle » et de « violence symbolique » pour décrire des phénomènes qui contraignent l’individu à des choix impossibles. La « violence » spectaculaire (au sens visuel) des Black Blocs n’est-elle pas une contre-réponse légitime aux phénomènes de violence structurelle exercée par les représentants du statu quo, à savoir l’Etat et les entreprises ?
Puisque les journalistes des médias traditionnels semblent particulièrement apprécier la « nuance » dans leurs propos, pourquoi n’appliquent-ils pas à leurs propres commentaires une méthode qui consisterait précisément à connaître toutes les « nuances », ou plutôt significations, du mot « violence » ? La « nuance » en général dans le journalisme traditionnel, c’est le garant du maintien du statu quo. Et en parlant de « nuance » en général, comment avoir une approche « nuancée » d’événements tel Montebello quand la réalité ne l’est pas ? Enfin, grâce à l’esprit « nuancé » des journalistes radio-canadiens entre autres, personne ne sera « froissé ».
Le meilleur pour la fin : la parole de l’ « expert »
Après le tricycle de George W. Bush dont on se fout, l’accueil en fanfare de Calderon dont on se fout tout autant et la tenue vestimentaire des anarchistes, vient le temps de l’invité pas très surprise convié par Céline Galipeau. Oui, parce que vous comprenez, Céline a bien appris cette structure rhétorique très simple enseignée dans les grandes écoles de ce pays : thèse/antithèse/synthèse. Donc, après Bush content et les anars gazés « pas gentils », le « spécialiste de la question » arrive en studio. On peut affirmer sans crainte que ce fut un moment grandiose : Guy Lachapelle, professeur de science politique à l’université Concordia va vous rassurer pendant 3 minutes quant à votre avenir que certains d’entre vous pouvaient encore estimer médiocre. Non, le PSP c’est bien « en fait ». Comme ses amis journalistes, Guy Lachapelle a bien retenu sa leçon : « commence toujours par une petite phrase lyrique, qui ramollit le cerveau et laisse la personne totalement désarmée et avide de réconfort ». Guy a donc commencé ses propos par un superbe « après les événements tragiques du 11 septembre ». Eh oui, pas mal, forcément, Guy sachant très bien que 80% des gens (optimisme) peuvent se laisser berner assez facilement sur le sujet, quelle meilleure façon d’introduire un « éclaircissement sur le PSP » que de rappeler à ses compatriotes qu’ils vivent dans un climat d’insécurité totale ? Comment le téléspectateur pourrait-il déconstruire l’intitulé même du sommet quand on lui sert un discours pro-sécuritaire ? En gros : « ça va mal, beaucoup d’insécurité hein ? Nous avons justement ce qu’il vous faut : un Partenariat pour la…Sécurité (et en plus !) la Prospérité ».
On se serait cru dans un clip publicitaire diffusé à 3 heures du matin sur TVA pour un aspirateur/robot mixer/congélateur. Produits qui s’appellent invariablement « l’enchanteur de vie », « le facilitateur d’existence », bref personne n’est fondamentalement contre le fait de se faciliter la vie. C’est un peu la même chose avec Guy Lachapelle et sa présentation du PSP. « Il y a le mot sécurité et prospérité, et c’est ce qu’ils veulent ». Guy Lachapelle a même jugé bon de rappeler que « grâce au PSP », il y aurait une « harmonisation » des dispositifs en matière de santé. « Harmoniser », cela veut dire privatiser le système de santé (entre autres), mais ça, Guy Lachapelle, dans un grand moment d’absence, a oublié de préciser.
Quand Céline Galipeau s’est hasardée à lui poser une question sur le « déficit démocratique » entourant le PSP, Guy Lachapelle, expert de la stratégie d’évitement et du capitalisme édulcoré, lui a répondu sur un ton rassurant que, en gros, les trois Etats se dotaient je cite « d’institutions communes qui règleront nos différends ». En effet, Harper, Bush et Calderon vont mettre tout le monde « d’accord » de facto puisqu’il n’y a pas de débat au parlement et que les voix des anti-PSP sont rendues inaudibles dans les médias traditionnels. L’entrevue aurait pu donc avoir pour sous-titre « Tout va très bien, Madame la marquise ».
Partie de campagne
Après l’avènement de la « droite décomplexée » à l’arrivée au pouvoir de Sarkozy en France, la consolidation du capitalisme mondial décomplexé. Aujourd’hui, les dirigeants du continent nord-américain ne se cachent même plus quand il s’agit de renforcer le primat des intérêts économiques sur les droits humains. Avant, on essayait d’assurer la légitimité des décisions prises par une minorité en les confiant aux représentations nationales (le temps où la pièce « Simulacre de démocratie représentative » jouait encore), aujourd’hui, pourquoi s’emmerder alors que l’on peut se réunir à trois dans un château, aux frais de la princesse, pour satisfaire, dans un échange de bons procédés, les intérêts d’entreprises cotées en bourse ?
Bien que les journalistes aient particulièrement aimé la formule « derrière des portes closes » pour qualifier le processus décisionnel adopté par Harper, Bush et Calderon (certes, oui, mais c’est assez faible pour parler de cette farce de Montebello), nous avons pu néanmoins obtenir un compte-rendu assez détaillé des échanges de nos trois amis pendant leur « pause cigares entre connards » :
« Je t’ouvre le marché nord-américain à coup de réglementations minute, tu me construis la clôture qui permettra à cette gang de sous-fifres mexicains de s’empaler gratis près du Rio Grande. » ou « Je fais de la sécurité un « enjeu » national ; avec mes amis rédacteurs en chef et « experts », je crée un climat d’insécurité permanent, ainsi je peux contrôler tous les faits et gestes des millions de blaireaux qui ont voté pour moi –ils se sentent rassurés et protégés-, mais comme ils leur reste un fond –très juteux- de sentiment d’insécurité, tu leur vends tes burgers bourrés de gras trans pour qu’ils puissent mener une vie gastrique et cérébrale molle. »
Parce que, finalement, qu’est ce que le sommet de Montebello, si ce n’est une représentation à échelle réduite du système capitaliste lui-même ? Des valets qui servent des seigneurs et montrent (sont obligés) de montrer leur contentement aux messagers du roi ; des seigneurs, qui, une fois repus, rotent de plaisir en songeant aux bénéfices qu’ils vont engranger dans un climat de « franche camaraderie ».
La servitude volontaire a assez duré. Asphyxions les bouffons.
mardi 21 août 2007
Manifestation Montebello 20 août
(Photos: A.L. pour le Centre des Médias Indépendants de Montebello)
Nos commentaires par rapport à la manifestation anti- PSP qui avait lieu aujourd'hui à Montebello seront publiés demain. Comme on pouvait l'attendre toutefois, la couverture par les médias traditionnels des actions entreprises cet après-midi par les militant-e-s présent-e-s sur place fut à la hauteur de nos attentes: nulles. Nous reviendrons demain sur la manif elle-même ainsi que sur la couverture de l'événement par TQS et Radio-Canada, qui avait choisi pour le journal télévisé du 20 août d'inviter un professeur de sciences politiques de l'Université Concordia censé "éclairer" les gueux sur la question du PSP : un "expert" qui, après avoir péroré sur les "tragiques événements du 11 septembre 2001", a conclu sur la nécessité de croire en la légitimité d' "institutions communes qui règleront nos différends". Plus de développements sur le sujet demain. En attendant une déconstruction en règle de la parole évangélico-radio-canadienne, un aperçu des actions d'aujourd'hui en images:
On estime qu'il y avait environ 3000 policiers sur le site (pour 1500 manifestants, chiffres de Radio-Canada). Ici: la légèreté terrestre rencontre la légèreté aérienne (13h30)
Les brigades anti-émeutes sont massées aux abords de l'entrée du Chateau de Montebello dans lequel se réunissent Harper, Calderon et Bush. Elles le sont également le long du cimetière de la ville.
vendredi 17 août 2007
Montebello
" Situé au sud-ouest du Québec, sur la route 148, à une heure trente de Montréal et à une heure de Hull-Ottawa, Montebello vous attend, plein d'histoire et de joie de vivre. C'est un village élégant et charmant, confortablement niché dans la plaine de la rivière des Outaouais, au sud des premières collines du Bouclier canadien."
(trouvé sur le site web de la ville)
Dès samedi, nous serons donc dans ce village de la "joie de vivre", trou perdu entre Montréal et Ottawa, et accessoirement terrain de jeu des "trois amigos" Harper, Bush et Calderon qui se réuniront dans le cadre du Partenariat pour la Sécurité et la Prospérité. Avec des journalistes des médias indépendants nord-américains, nous couvrirons le sommet grâce au Centre des Médias Indépendants installé dans le périmètre de sécurité.
Les reportages réalisés par les différents journalistes indépendants présents sur place seront diffusés lundi, mardi et mercredi (20, 21 et 22 août) à Radio Centre-Ville à 12h et 16h dans des bulletins d'information spéciale d'une demi-heure.
www.psp-spp.com
www.imc-montebello.org
Suggestions d'ajouts pour l'office du tourisme de Montebello:
"Montebello, ses gaz lacrymogènes, son périmètre de sécurité, ses militaires US en rangers...."
Il paraîtrait selon le site web de la ville que " Montebello a comme devise: " Fero Non Quaero ", ce qui se traduit par:" J'ai trouvé, je ne cherche plus. " .... LA POLICE.
jeudi 16 août 2007
Emission du 15 août
Hey les cathos, c'est le 15 août, l'Assomption, " le dogme catholique selon lequel, au terme de sa vie terrestre, Marie a été « enlevée corps et âme » au ciel [...] Le terme vient du latin assumptio qui signifie « prendre, enlever, assumer ». Le catholicisme a ceci de réjouissant, c'est qu'il permet à Sophie et Aurore de prendre et d'enlever des invités en studio et de l'assumer entièrement.
Objet du rapt: Roberto Nieto, ancien coordonnateur du Centre d'appui pour les travailleurs migrants agricoles et journaliste à CKUT. Dans un reportage télévisuel diffusé la semaine dernière au sujet des travailleurs migrants agricoles, Radio-Canada abordait la question sous l'angle des réjouissances que procuraient ces exploités de la fraise aux mamies agonisant dans des maisons de retraite au milieu de nulle part. Roberto Nieto nous a donc permis de comprendre qu'au-delà de leur statut de divertissement estival pour vieilles croutes isolées, les travailleurs migrants agricoles sont surtout une main d'oeuvre bon marché et corvéable à merci. Pour la plupart mexicains ou guatémaltèques, ils constituent une "force de travail" idéale pour les employeurs: ils ne connaissent pas les droits dont ils disposent et sont contrôlés en permanence dans leurs déplacements. Nous avons donc parlé d'esclavage moderne et de tentatives de syndicalisation.
Roberto Nieto ne fait pas que parler tous les jeudis matins à CKUT au "Lendemain de la veille",il écrit aussi: "Qui cueillent vos fraises?" paru en 2005 dans le journal Alternatives.
Ils prennent la rue et l'assument: les participants du Festival d'Expression de la Rue (14-16 août). Nous avons donc reçu Marilyne, l'une des organisatrices de ce festival fondé sur la réappropriation des espaces urbains et des moyens d'expression par et pour tous ceux qui se voient généralement taxer d' "indésirables" en ville. L'aseptisation institutionnelle du centre-ville enfin contrée par des organisateurs et un public qui envoient promener les règles de bienséance élémentaires. On respire.
Entrevue de 5 mn avec une des membres du collectif "Echec à la guerre" au sujet de la manifestation organisée à Ottawa pour protester contre le sommet de...Montebello. Tout est dit.
Appel téléphonique à la tour de Radio-Canada pour essayer d'obtenir une explication au sujet de cette "bizarrerie" que fut ce spot publicitaire pour une haleine fraîche au milieu des propos anti guerre en Afghanistan de Daniel Pinard dans "Des kiwis et des hommes" (voir "Chronique de la censure ordinaire"). Après l'émission de mercredi, nous avons reçu un appel de Radio-Canada nous informant que cette publicité intempestive était simplement le fruit d'une "erreur technique". Comme disait Leibniz "Pourquoi y a-t-il quelque chose plutôt que rien?"...quand quelqu'un l'ouvre à Radio-Canada? Les actes manqués sont nombreux sur les ondes publiques.
Nous conseillons vivement à la direction des ressources humaines de Radio-Canada de mettre un terme définitif à cette politique de recrutement, certes louable, qui tend à favoriser les techniciens souffrant de la maladie de Parkinson.(*)
N'ont pas été l'objet d' "erreurs techniques":
No Callamos, "Desaparecidos" (Arg)
Deweare, "Taste" (Cdn)
Zebda, "Ca va pas être possible" (F)
Les Sales Majestés, "Y a pas d'amour" (F)
Vilains pingouins, "Délinquance" (Qc)
Jeanne Balibar, "Christiana" (F)
(*) Toute cette histoire nous aura au moins permis de comprendre que le pilote de l'Enola Gay, ce bombarbier US qui largua sur Hiroshima la bombe H, n'était finalement qu'un parkinsonien notoire.
mardi 14 août 2007
Chronique de la propagande ordinaire
Pour tous ceux qui seraient tentés de penser qu’il n’y a aucun intérêt à avoir l’emploi du temps d’un slacker retraité, je suggère de profiter de ce temps « libre » pour visionner par exemple les bulletins de nouvelles de la télévision de Radio Canada.
Hormis les orgasmes matinaux de Francis Reddy suscités à la vue d’un concombre en provenance d’un sombre recoin champêtre de la province, on peut soutirer de l’activité télévisuelle un plaisir certain, notamment en se vautrant devant les reportages (nombreux et sirupeux) consacrés à la guerre en Afghanistan. Je dis « guerre », je devrais plutôt dire « partage et compréhension sur un champ de mines ». En effet, la télé publique a jugé de bon ton de diffuser un sujet relatant le projet d’une jeune soldate canadienne, destiné à rassembler dans un ouvrage les témoignages d’affection des braves citoyens honnêtes à l’égard de « leurs » soldats « loin de chez eux ».
On notera dans ce reportage très patriote l’emploi final du « nos soldats » par la journaliste envoyée spécialement sur la base de Val Cartier pour faire pleurer tout ce que le Québec compte de grabataires parqués dans des centres gériatriques. A la fin du sujet, on aurait presque pu réfréner une main sur le cœur accompagnée du traditionnel chant à la gloire de « nos » soldats perdus dans Kaboul.
Et, puisque nous vivons dans l’ère des relations internationales supposément animées par un fort esprit de « réciprocité », je propose que l’on fasse également participer à ce projet d’écriture les heureux bénéficiaires du programme d’aide humanitaire canadien, à savoir les Afghans eux-mêmes. Ce serait sympathique de recevoir chaque matin dans sa boîte aux lettres des courriers d’insultes destinés aux financeurs indirects de ce vaste projet d’accompagnement humanitaire.
« Hey les cons, ici P. de Kandahar. Moi et mon moignon vous remercions d’avoir voté pour une ordure strabique qui nous emmerde via son contingent d’agités du flingue. »
A venir donc prochainement dans vos boîtes aux lettres : l’avis de réception avec recommandé des « assistés humanitaires » de « loin de chez nous ».
Chronique de la censure ordinaire
Lors de la rediffusion en fin de soirée du programme "Des kiwis et des hommes" du 13 août, le sautillant Francis Reddy réunit comme à l'accoutumée en dernière partie d'émission ses invités autour de la table pour discuter d'un sujet qui lui tient à coeur. Ce soir (ou plutôt ce matin), il demandait à ses convives ce qu'ils pensaient de ce qu'il considérait être une incongruité: à savoir, comment se fait-il que les "jeunes" aient le droit de voter à 18 ans alors qu'on leur demande dès l'âge de 15-16 ans de (se) choisir un parcours professionnel?
L'un des invités, Daniel Pinard, prend la parole en soulignant une chose beaucoup plus choquante à ses yeux: en substance: ce qui est surtout déroutant, c'est de songer au fait qu'on envoie des jeunes au combat aujourd'hui au Canada. En gros, on a le droit de se faire charcuter en Afghanistan mais pas de boire une pinte de bière dans un bar quelconque.
Eh bien, devinez-quoi? La télévision a cela de grandiose, c'est qu'elle peut en une demi-seconde masquer un propos un peu trop dérangeant pour les oreilles pieuses des big boss de Radio Cadenas. Au lieu d'entendre jusqu'au bout la critique furibarde de Daniel Pinard sur l'engagement de jeunes soldats en Afghanistan, on a eu droit à un splendide encart publicitaire vantant les mérites d'un dentifrice. La censure avec Aquafresh (sic): Radio Canada lave plus blanc!
Je vous le fais:
(Daniel Pinard): "En ce moment en Afghanistan, il y a de jeunes soldats canadiens...."
Spot publicitaire d'une demi seconde: "Hi hi Aquafresh!"
Retour en studio: fin d'émission, tout va bien.
Donc, grâce à la magie de la télévision (et de la rediffusion), plus de corps en charpies en Afghanistan! Non, écoute Radio Canada, fais péter ta télécommande et tu retrouveras ton sourire "ultra bright" de connard en costume trois pièces pour qui la guerre en Afghanistan n'est finalement qu'une petite et inoffensive promenade de santé exotique aux accents de "mission humanitaire".
Imaginez l'obscénité, on parle de guerre dans laquelle est engagé le Canada, et la télé d'Etat diffuse subrepticement un spot d'un quart de seconde pour un dentifrice. Radio Moscou n'aurait pas fait mieux. Je salue personnellement la personne courageuse qui a appuyé sur la fonction "delete" de son écran de contrôle pour faire taire le sieur Pinard en lui préférant une énième sous-merde publicitaire.
Vous pouvez dormir tranquille, vers minuit et demi ce soir, Radio Canada vous a lavé les dents et le cerveau.
mercredi 8 août 2007
Emission du 8 août
Les politiques extérieures canadiennes, les politiques éducatives et de santé provinciales et les scouts tu admireras. Entorse du mercredi: mais ta gueule (impérativement) tu ouvriras. Elles l'ont ouverte sans remord. Sophie et Aurore blasphèment:
Les politiques éducatives du gouvernement du Québec, avec Hubert Gendron-Blais, responsable des communications de l'ASSE (Association pour une Solidarité Syndicale Etudiante). Charest ayant promis dans un élan de bonhomie habituelle une hausse des frais de scolarité, l'ASSE a prévu une grève étudiante illimitée pour la rentrée prochaine. Après le "we don't need no education", "we need free education". Des briques dans le mur pour septembre?
www.asse-solidarite.qc.ca
Revue de presse: le journal la Presse publie ce matin un article consacré à la surcharge de travail des ambulanciers d'Urgence-santé. Le sous-financement du secteur de la santé publique amène également Le Devoir à poser la question des Partenariats Public/Privé avec comme illustration locale le rapprochement de l'Hôpital Sacré Coeur et la clinique privée Rockland MD. La mort, comme bien public, doit être rentable (dans le privé). De bonnes perspectives d'avenir pour les cancéreux dont la grosseur des tumeurs est inversement proportionnel à leurs compte en banque.
Toujours dans Montréal, on annonce la célébration du 100ème anniversaire du scoutisme québécois. Sauf que la piété se tient à huis clos dans le parc Maisonneuve, puisque l'accès est interdit à la populace. Cette petite incongruité sponsorisée par l'union fraternelle Dieu/services de police n'est pas passée inaperçue chez une lectrice de La Presse. On se souviendra pour mémoire que l'accès aux parcs publics de la ville avait déjà été évoqué au sujet des règlements pris dans l'arrondissement Ville-Marie: le maire Labonté avait ainsi interdit l'accès aux parcs de son fief à la population itinérante avec chiens. Morale du mercredi, en prévision de la lithurgie dominicale: remplace ton battle-dress par une soutane parfum lavande, tu pourras toujours espérer squatter dans les parcs avec la bénédiction du sergent en chef. Dieu est bon.*
Retour sur le Partenariat sur la Sécurité et la Prospérité (PSP) avec Jacques du Parti Communiste Révolutionnaire. Bush, Harper, Calderon (et quelques patrons philanthropes) se rencontreront à Montebello fin Août afin de renforcer leur "collaboration" en matière de politiques économiques et sécuritaires. Les dispositifs de sécurité prévus pour le sommet doivent tenir à distance les "indésirables" (sic), c'est-à-dire tous ceux que le Seigneur a dotés dans sa grande clémence d'une conscience critique. Nous avons parlé d'essence du capitalisme et de l'alignement des politiques extérieures du Canada sur celles menées par sa cellule souche les Etats-Unis. On festoie entre clones.
www.psp-spp.com
www.pcr-rcp.ca
Suite de la revue de presse: la direction de McDonald's Chine s'est engagée à hausser les salaires de ses petites mains du Levant. Histoire de ne pas voir se multiplier les pendaisons de l'ami Ronald sur les terrasses de ses "restaurants" pendant les jeux olympiques, les McExploiteurs ont grâcieusement augmenté les salaires de ses serfs qui étaient inférieurs au salaire minimum chinois. Merci papa.
Une nouvelle chaîne américaine "Baby First TV" propose aux nourrissons de se macdonaldiser le cerveau à coups d'émissions censées garantir leur épanouissement intellectuel. On sait au moins que ces braillards lobotomisés ne seront pas en lice pour le Pulitzer, mais plus pour le rayon graillon d'un Wal-Mart périphérique. Une télé de con pour une génération de cons. Ingurgite du capitalisme dans ton berceau, kid.
Entrevue réalisée par Sophie avec une membre de Stella, un organisme qui promeut les droits des travailleuses et travailleurs du sexe. Il a été question des représentations traditionnelles liées au travail du sexe et des droits dont disposent (et devraient disposer) ces travailleurs de l'ombre.
www.chezstella.org
Ils ne marchent pas au pas :
Karlof Orchestra, "L'accordéon" (Cdn)
Zebda, "Ca va pas être possible" (F)
Arseniq 33, "Autobus scolaire" (Qc)
Pauline Julien, "Heille!" (Qc)
l'Internationale Situationniste, "Paris s'éveille" (F)
Jeanne Balibar, "l'Irréparable" (F)
*A la différence de celles de Dieu, seules les voies du parc sont pénétrables.