lundi 5 novembre 2007

Emission du 31 octobre


Ah, horreur, des hordes de nains en shorts orange squattent les rues pour réclamer leur dose de glucose annuelle. Au-delà de cette parade des lardons transformés en sorcièr-e-s juvéniles, le laquais A., séparée du laquais S. (aliénée quelque part ailleurs à Montréal), vous a emmerdé une fois de plus avec ce qui s’apparente à une « chasse aux sorcières » version 2007, à savoir une éradication des immigrants et des militants anti-guerre. Nous avons donc reçu Kader Belaouni, Frisou de la Otra Campana - Montréal et Francis Dupuis-Déri.


Début janvier 2006, Kader Belaouni, un immigrant algérien d’Oran, prenait refuge dans le sanctuaire de l’église St Gabriel de Pointe Saint-Charles pour éviter une déportation vers son pays d’origine. Depuis, un collectif a été fondé afin de l’appuyer dans ses démarches pour obtenir la régularisation de son statut. Sauf que, malgré la mobilisation qui s’est créée autour de Kader, incluant divers groupes communautaires du quartier et d’ailleurs, la ministre fédérale de l’immigration semble être frappée par un phénomène de déni total. Donc, au lieu d’envoyer des mini cartes ridicules de « bonne année » (… « mon cul », comme dirait Desproges) modèle « Hiver sous la neige acrylique en terre adéquiste », pensez plutôt à adresser vos vœux pleins de bienveillance à l’égard de la ministre fédérale de l’immigration, Diane Finley. On nous rapporte d’ailleurs que ce nouveau contact que vous vous ferez un plaisir d’inscrire dans votre carnet d’adresses souffrirait d’une surdité profonde. Enfin, la surdité gouvernementale, c’est comme la mémoire, sélective, très sélective. Voici donc les « coordonnées » de Diane :

Chambre des communes
Ottawa, Ontario
K1A 0A6
Téléphone : (613) 996-4974
Fax: (613) 996-9749

Courriel :
minister@cic.gc.ca

Car, à en croire les pratiques du gouvernement canadien en matière d’immigration, un « bon » immigrant, c’est un diplômé plein aux as, pas trop basané de préférence. Et pour peu que le requérant provienne d’un pays inscrit sur la fameuse « black list » émise par les Etats-Unis après les attentats du 11 septembre 2001, il est assez bien placé pour retourner directement s’amuser dans l’ « axe du Mal ». C’est vrai, la sélection d’un individu au profit d’un autre selon des critères d’origine, c’est « bien ».

Collectif "Soutien pour Kader": www.soutienpourkader.net



Toujours à Montréal en octobre, on peut voir fleurir un peu partout des affiches ayant pour slogan : « Le Mexique : au-delà de votre imagination ». C’est juste, car, s’il y a bien une chose qui va au-delà, bien au-delà, de notre imagination au Mexique, c’est la répression qu’exerce de façon systématique l’Etat sur les mouvements sociaux. On se souvient notamment de la mobilisation à Atenco contre l’installation d’un aéroport, et plus récemment la protestation des vendeurs de fleurs contre l’installation d’un Wal-Mart. Et puis il y a eu Oaxaca, avec le mouvement des enseignants, réprimé sur ordre du gouverneur de la province, le priiste Ulises Ruiz. En appui à ces mouvements populaires, le collectif la Otra Campana-Montréal organise une soirée de financement vendredi 2 novembre au Rhizome, situé au 1800, Létourneux, dans le quartier Hochelaga (métro Pie IX). Au programme, la diffusion d’un documentaire et des groupes punks (quelle décadence au Rhizome…) et hip hop notamment.

contact: ici_lasexta@yahoo.ca


Ah, horreur, des hordes de zombies en shorts kaki squattent les rues de Kandahar pour réclamer leur dose d’hémoglobine annuelle. Mais si le zombie en short kaki est un bon père de famille, aimant les sports de plein air et le scrabble, alors la tuerie n’en est que plus douce. « Là où ils font un désert, ils appellent cela la paix ».*

Nous avons donc reçu Francis Dupuis-Déri, professeur de sciences politiques à l’Université du Québec à Montréal, au sujet de la parution de son dernier ouvrage intitulé « L’éthique du vampire- de la guerre d’Afghanistan et quelques horreurs du temps présent ». Nous avons abordé avec lui la question du discours de légitimation de l’invasion militaire canadienne en Afghanistan. Présentée comme une mission humanitaire option « construction d’écoles et émancipation de ces petits êtres fragiles aka les femmes afghanes », la « présence » canadienne participe de la formule orwellienne « la guerre, c’est la paix ». En d’autres termes, Harper et ses courtisans d’Ottawa et d’ailleurs (incluant députés et rédac chefs de la plupart des médias privés et publiques) s’évertuent à construire l’image du militaire en tant que héros des temps modernes, dont l’humanisme supposé, embarqué dans un char d’assaut, démentirait toute suspicion de néo-colonialisme 2007. « Nos » soldats sont de braves gens, en fait. La déconstruction du discours canadien de légitimation de la guerre d’Afghanistan repose –entre autres- sur une relecture du « Fardeau de l’homme blanc » de Kipling, discours qui a permis aux puissances coloniales d’asseoir leurs politiques impérialistes sur des motifs supposément « humanistes » (« tiens, tu la vois bien ma civilisation, fucking autochtone ? »). Et comme la tentation était grande, nous avons également parlé des non mobilisations étudiantes (ou mobilisations « faibles », pour faire taire mes penchants misanthropes). Enfin, là où ils font un désert, certains, dont Francis Dupuis-Déri, appellent cela la guerre.

Lancement du livre: 13 novembre à l'Alizée, 900, Ontario Est. Montréal



Claquements de doigt du macchabée :

Deweare, « Tiger woman » (Cdn)
Brixton Cats, « Enfants du système » (F)
Didier Super, « On va tous crever » (F)
Légitime Défonce, « Esclave moderne » (F)
Boris Vian, « Le déserteur » (F)
Paris Violence, « Made in Paris » (F)
Didier Super, « Y en a marre des pauvres » (F)
Les Rita Mitsouko, « Y a d’la haine » (F)


*Tacite

mercredi 24 octobre 2007

Emission du 24 octobre

("Sous vos applaudissements...")


Bien que les laquais aient souvent considéré qu’ils n’étaient écoutés par à peu près personne, exception faite de mamie S., ils se sont rendus compte que, parmi les rares auditeurs ou dans une moindre mesure visiteurs de leur erreur Myspace, se trouvaient, non pas des anars montréalais mais des flics parisiens ( !) Aussi incroyable que cela puisse paraître, nous avons reçu un « friend request » d’un « band » de flics français. Gott. Assez peu intéressées par les symphonies en tasers majeurs, Sophie et Aurore rient un bon coup et répondent grâce à :


Une entrevue avec François du Collectif opposé à la brutalité policière au sujet de la mort de Quilem Registre dans le quartier St Michel par les soins du SPVM munis alors de fusils tasers, ou plutôt de « dispositifs à impulsion » dixit la police. En vingt ans, les services de police de la ville de Montréal (SPVM) auraient 42 décès à leur actif. Les enquêtes publiques étant extrêmement rares dans ce genre de cas, les corps de police incriminés sont jugés par d’autres corps de police : « Entre nous, on est au chaud. » (« so-so-so…solidarité dans la fraternité ! »). Ce qui est assez fabuleux dans ce genre d’histoires, c’est de lire les avis des « experts » sur la dangerosité de cette « arme non létale » (cf. l’article sur cyberpresse): on ne risque rien, mais il est préférable néanmoins de se rendre à l’hôpital après avoir reçu la décharge électrique. L’arme est « non létale », selon les termes consacrés, mais bizarrement, quelques individus parmi ceux qui ont eu la chance de se faire appréhender avec de tels accessoires policiers, tombent dans le coma et « s’en vont faire un tour chez les anges » peu de temps après. A écouter les services de police et les « experts », les victimes des tasers ne seraient en fait que des Tartuffe trop sensibles aux fusils à bouchon.


Au sujet de l’utilisation des fusils tasers et des morts qui leur seraient imputables, nous avons reçu Anne Ste-Marie d’Amnistie Internationale. L’ONG a réclamé la semaine dernière un moratoire sur les tasers, suite aux « dégâts collatéraux » entraînés par leur utilisation. Une étude a été réalisée par Amnistie, elle est disponible ici.


Entrevue avec Guillaume, de l’Association pour une solidarité syndicale étudiante (ASSE) au sujet de la (non) grève étudiante illimitée de l’automne 2007 contre le dégel des frais de scolarité. Après le refus des Cégeps du Vieux-Montréal et de Maisonneuve d’entrer en grève, la mobilisation étudiante semble « un peu » compromise. Les « jeunes » sont vieux. Encore plus absurde que le « travailler plus pour gagner plus » de l’ordure Sarkozy, le « payer plus pour étudier autant » de l’ordure bis Charest ne semble pas trop émouvoir la population étudiante. L’ASSE poursuit néanmoins ses activités de réseautage histoire d’atteindre son plancher de 25 000 étudiants afin de mener une action qui dépasse le cadre de l’Uqam. Wake up pseudo-jeunesse !


Jacques, du Parti communiste révolutionnaire, nous a livré une analyse de la faiblesse des mobilisations étudiantes en termes de logiques de classes et de discours dominant qui semble avoir bien labouré l’esprit des étudiants. Bien peu disposés à dire quoi que ce soit sur l’augmentation des frais de scolarité, les étudiants entrevoient encore l’université comme un outil de mobilité sociale, et non comme un mécanisme de reproduction de l’ordre social existant. Les multiples obstacles réels et symboliques qui entravent l’accession des classes populaires aux études « supérieures » ne sont visiblement pas perçus comme tels. Qu’il s’agisse de l’endettement étudiant ou de la possession d’un capital social et culturel donné (la bibliothèque de papa, les contacts de maman), tout ce qui peut maintenir un certain statu quo est plutôt connoté positivement.
« J’en chie donc je suis ».


Rediffusion du reportage réalisé lors de l’action du FRAPRU au consulat de France.


Gling, gling :

Banlieue Rouge, « Sous un ciel écarlate » (Qc)
Cut Killer, « Assassin de la police » (F)*
Pigalle, « La prison » (F)
Les Sans Culottes, « Ecole de merde » (US)
We are wolves, « We are all winners » (Qc)
Sergio Ortega, “El pueblo...” (Chili)

Les Rita Mitsouko, “C’est comme ça” (F)


*Avis au danseur de trash Sirtaki : "errare etc…"

Emission du 17 octobre


Transformé en femme orchestre d’un jour, because le laquais S. se faisait exploiter ailleurs, le laquais A. vous a ankylosé les neurones avec des questions d’art (sans « a » accent circonflexe) militant, la capacité du nain Nagy de Bocsa de s’attirer à distance les foudres de groupes militants montréalais et de droits face à la police.

On a donc parlé, avec Emily et Catherine, de la troisième édition d’Artivistic, cette rencontre internationale d’art militant qui se tiendra en différents lieux de la ville. Du 25 au 27 octobre, des ateliers, tables rondes et expositions permettront d’envisager les pratiques de mobilisations autochtones et d’occupation de l’espace urbain sous un angle critique et activiste. Dissociés à tort, l’art et le militantisme s’expriment à plein dans le cadre de cette troisième édition d’Artivistic : pratiques de squat, rapport au « naturel », création et mobilisations politiques autochtones : il n’y a pas que des festivals à la con à Montréal, et c’est tant mieux.


Reportage réalisé à la place Ville-Marie, lors de l’action entreprise par le FRAPRU en soutien au Droit au logement (de France) : si les glandeurs poudrés du consulat de France à Montréal avaient transmis le petit colis préparé par les soins du FRAPRU, cette enflure de Nicolas S. aurait eu le plaisir de recevoir dans son palais des couvertures from Montréal qu’il aurait pu distribuer à tous ceux qui viennent polluer l’existence voluptueuse de nos amis « les nantis ». Un pauvre, les pauvres, c’est inesthétique et ça « gâche le bonheur des riches ».* Réunis à la place Ville-Marie, édifice de bureaux qui concentre les représentations consulaires de plusieurs pays (du gris, de l’aseptisé, des uniformes), les militants du FRAPRU se sont vu refuser l’accès au bâtiment par une vingtaine de policiers (with chiens renifleurs) et vigiles du lieu : seuls deux militants (dont le coordonnateur) du FRAPRU ont pu accéder au consulat, après qu’une des couvertures a été passée au détecteur de métaux et sniffée par un des chiens flics**. Suggestion pour les étrennes : plaid Molotov pour Nicolas.


Extrait de l’atelier présenté par le Collectif opposé à la brutalité policière et le Mouvement action justice, sur les droits dont on dispose face à la police : conditions d’arrestations, légalité ou illégalité de certaines pratiques policières, recours possibles dans le cas de brutalité policière.


Abolition du sirupeux :

Brigitte Fontaine, « Les filles d’aujourd’hui » (F)
Peter, Bjorn and John, "The Chills" (Suède)
Jeunesse Apatride, « Prolétaire » (Qc)
Paris Violence, « Docs et bretelles » (F)
Dominique A, « Dans un camion » (F)
Brixton Cats, « Palestine », (F)
Les Sales Majestés, « Les patrons » (F)
Portishead, « Roads » (US)


* Didier Super
**Pléonasme ou anthropomorphisme ?

lundi 15 octobre 2007

"Aux armes, etc..."


Conchier Sarko (même) à distance, voici un concept qui me plaît immensément. Grandiose, et je vais aller prendre du son sur place demain.

"Appui à des familles sans-logis en lutte à Paris: le FRAPRU apporte des couvertures au Consulat français à Montréal

C'est pour appuyer la centaine de familles sans-logis qui, malgré la répression policière, couche nuit après nuit sur le trottoir en face de la Bourse de Paris, qu'une délégation du FRAPRU se rendra demain au Consulat français, à Montréal. Le FRAPRU y apportera des couvertures à remettre aux familles, de même qu'une lettre de protestation adressée au président français Nicolas Sarkozy. Le geste du FRAPRU se déroulera au moment même d'une importante manifestation de soutien dans les rues de Paris.

Avant leur action, les familles campeuses étaient soit hébergées dans des hôtels, des foyers ou chez des tiers, soit menacées d'expulsion rapide. Elles réclament leur relogement immédiat, l'ouverture de plusieurs logements avant l'hiver, de même que la réalisation massive de logements sociaux. Depuis qu'elles ont entamé leur action, le 3 octobre, les familles ont été l'objet de plusieurs expulsions de la part des forces policières qui ont confisqué leurs tentes et leurs sacs de couchage, les forçant à coucher à la belle étoile. Les forces policières ont aussi procédé à plusieurs arrestations, dont celle du président et co-fondateur de l'association française Droit au logement, Jean-Baptiste Eyraud. Pour plus d'informations sur cette lutte, consulter le site de Droit au logement :

http://www.globenet.org/dal/.

Date : le mardi 16 octobre
Heure : 11h00
Lieu : Consulat général de France, 1, Place Ville-Marie, bureau 2601
rendez-vous devant la porte d'entrée de la rue Université), à Montréal

Pour plus d'informations : François Saillant (514) 522-1010; (514)
919-2843 du Front d'action populaire en réaménagement urbain."

jeudi 11 octobre 2007

La subversion emmerde les casseroles: Christine Delphy à Montréal


Ce soir, le laquais A. délaisse son cynisme ordinaire pour devenir (un soir seulement) Aurore, en état de grâce. Attention les gueux, ce soir je suis lyrique.

La féministe Christine Delphy est de passage à Montréal et a donné une conférence à la Grande Bibliothèque, conférence brillante, joyeuse, cynique parfois, totalement inspirante, intitulée « le mythe de l’égalité déjà-là : un poison ». La salle était pleine à craquer : une majorité de nanas (j’en reconnais certaines que je fréquentais l’an dernier quand j’étais impliquée dans des groupes militants), deux trois gars paumés.

Je m’avance près de la scène, Christine Delphy commence sa conférence, je dépose discrètement mon enregistreuse sur son pupitre. Je remonte les escaliers quatre par quatre, j’écoute. J’écoute celle qui s’est impliquée dans le MLF, j’écoute celle qui parle de domination hommes/femmes, de reproduction d’une société inégalitaire, du matraquage médiatique fait à l’encontre des féministes d’hier et d’aujourd’hui. Elle cite mi cynique, mi amusée tout le flot de paroles à la con que les féministes ont pu entendre depuis les années 70 : Elizabeth Badinter, ex féministe, qui dit en gros que « le féminisme a été utile en son temps, il ne l’est plus maintenant »… Elle cite un article de Françoise Giroud paru dans Le Monde en 76 « les voiles flasques du féminisme ». Elle explique qu’on est passé du déni à la dénégation. Je jubile sur mon fauteuil, d’une parce que cette femme est brillante et de deux parce que je pense au moment où je vais pouvoir diffuser à l’antenne l’intégralité de sa conférence. Elle poursuit sur l’exploitation domestique et sur les « stratégies d’occultation de la violence ». Elle cite même Florence Foresti entre deux démonstrations. Cette femme est géniale.

Comme à 15 ans, où tu conchies l’humanité tout entière et que tu trouves Nietzsche, Desproges, Cioran, et que tu jubiles en lisant enfin quelque chose qui te ressemble. Christine Delphy, c’est ce que je souhaiterais entendre dans la bouche de toutes les femmes.

Je pense à tous ces billets que j’ai laissés sur différents blogues, où immanquablement on attribuait mes propos cyniques et provocateurs à…un homme. Il y a deux jours encore, j’écrivais sur un blogue montréalais que les femmes célibataires n’avaient pas à jouer le rôle de « gouvernante/domestique » moderne auprès de leurs amis en couples avec gamins. Un type qui souhaitait probablement sauter plus vite l’auteure du blog m’a traitée de misogyne !!! Moi ! Celle qui pleure presque de joie en écoutant une des théoriciennes du féminisme contemporain !!!

Je pense à Woody Allen et à Annie Hall, et cette scène grandiose où il s’avance vers un couple dans la rue et leur demande mi désespéré, mi candide « comment ils font pour être ensemble ». Et là, génial, les deux passants répondent en substance qu’ils ne réfléchissent pas trop et que c’est très bien ainsi.

Je pense à Agnès Jaoui que j’adore, je la revois dans « Un air de famille », ce monument, accoudée au comptoir de son frère « Riri » : elle boit « comme un homme », elle parle « comme un homme », ses T-Shirts « dépassent de son pantalon » : « j’m’en fous si ça fait pas joli ». Le genre de films dont on rêverait d’avoir écrit les dialogues.


Je revois cette scène d’une ironie totale : moi debout dans le métro écrivant ces lignes à côté d’une nana qui porte un sac « Esthiderma- Paris ». Je lève les yeux au ciel me disant que la vie est décidément une farce.

Je pense à Sophie, avec laquelle j’ai écrit des textes que nous avons distribués l’an dernier dans des conditions rocambolesques, textes qui disaient que les femmes étaient simplement devenues des consommatrices comme les autres. Mais qu’au-delà de ce statut de participante active au système capitaliste, les représentations et les rôles sociaux des femmes n’avaient pas changé.


Je pense à Aurélie de Bordeaux, avec qui je discute jusqu’à pas d’heure au téléphone, passant de discussions hyper sérieuses sur les rapports de subordination entre hommes et femmes à des fous rires intenses en pensant, en bonnes anthropologues que nous sommes, aux couples que nous connaissons. Tous ces couples qui transpirent les rapports de domination, ces types universitaires pseudo-progressistes, voire pseudo anar, que nous avons vu traiter leur compagnes comme des sous-merdes : la fille ne dit rien, le type pavane, il a le monopole du discours. Elle a le monopole de la spectatrice « douce » et « attentive ». Elle a juste le droit de lui servir sa bière à son retour du travail, ou de demander « si on peut ouvrir les livres dans les librairies ».


Je pense à ma mère qui portait en son temps des T-Shirts orange où figurait une casserole noire barrée. Je sais de qui je tiens…


« Mais elle nous les brise avec ces « je pense » ». C’est vrai, et ce soir mes ami-E-s, je suis ravie.